Intervention de Patricia Adam

Réunion du 16 septembre 2015 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Adam, présidente :

Merci, monsieur l'ambassadeur. Nous débordons l'objet initial de l'invitation que nous vous avions adressée, mais il est normal que nous traitions de l'actualité qui se présente à nous. Il est d'ailleurs important que nous discutions de ces sujets avec l'ensemble des pays européens, en particulier avec la Pologne, pays ami depuis très longtemps.

Je souhaite réagir à vos propos concernant une éventuelle intervention terrestre en Syrie. La meilleure façon de prévenir les désordres aux portes de l'Europe, au Levant ou au Sud, c'est d'intervenir bien en amont, par la politique et la diplomatie, ce qui suppose que nous partagions des analyses communes au niveau européen. Or, aujourd'hui, il y a un manque en la matière. La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Federica Mogherini, mène actuellement des travaux en vue de publier un livre blanc sur la sécurité et la défense au mois de juin 2016. C'est une très bonne chose. Il est plus que temps que l'ensemble des pays européens identifient les menaces et partagent une analyse commune de celles-ci, afin que nous essayions d'anticiper les événements qui peuvent se produire autour de l'Europe et que nous intervenions en amont aux niveaux politique et diplomatique.

C'est ce que la France a fait au Mali. Grâce aux renseignements que nous possédions, nous savions ce qui pouvait se produire. C'est pour cela que nous sommes intervenus, à la demande des autorités maliennes, avec lesquelles nous partagions ces informations. Aujourd'hui, nous sommes présents dans l'ensemble du Sahel, notamment avec vous. Nous faisons en sorte que les pays de la zone prennent en charge leur propre sécurité, en connaissance de cause. Par ce travail continu, nous essayons de les accompagner afin de préserver la stabilité et les équilibres dans la région.

Dans la zone qui nous préoccupe plus particulièrement aujourd'hui eu égard aux désordres qui provoquent les phénomènes migratoires, il y a certes Daech, qui est un ennemi identifié, puisqu'il forme des terroristes qui peuvent agir sur nos territoires, mais il y a aussi Bachar el-Assad, qui est, avec Daech, le principal responsable de l'émigration existante. N'oublions pas que celle-ci a commencé avant que Daech ne prenne l'ampleur qu'on lui connaît aujourd'hui : la population syrienne fuyait déjà ce que lui faisait subir Bachar el-Assad. Il faut donc bien prendre en compte les deux. Des discussions au plus haut niveau seront nécessaires, en particulier avec la Russie et l'Iran, qui sont deux puissances importantes dans la région, et bien sûr avec l'ensemble des pays de la zone, pour trouver une issue à cette crise. Mais ce sera encore très long.

De même que plusieurs d'entre nous, je ne pense pas qu'une intervention terrestre permettrait de résoudre le problème. Nous ferions exactement ce que Daech souhaiterait nous voir faire, à savoir engager une guerre de l'Occident contre l'Orient, ou une guerre de religions. Il ne faut surtout pas tomber dans ce piège. Nous n'avons pas à déclarer la guerre pour ces raisons. La question est celle du terrorisme et des déséquilibres dans l'ensemble de cette région.

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