Intervention de François de Mazières

Séance en hémicycle du 28 septembre 2015 à 16h00
Création architecture et patrimoine — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Mazières :

Composite, ce projet n’est donc, à nos yeux, ni totalement mauvais et inutile, ni complètement satisfaisant et sans danger.

Les macronades, ces enfants chéris du couple Hollande-Valls, sont ainsi comme la grenouille de La Fontaine : elles enflent, gonflent, rêvent de faire un effet médiatique « boeuf », mais à la fin, hélas, il y a tout lieu de craindre qu’elles ne fassent « pschitt » ! À moins qu’acceptant de faire revenir ce texte en commission, vous ne vous permettiez d’en approfondir les bonnes dispositions et d’en bannir les mauvaises. Un échange pour écouter l’expérience des élus, souvent engagés de longue date aux côtés des artistes et des associations de patrimoine, vous donnerait une vision plus réaliste des attentes de nos concitoyens. La culture n’est ni de gauche ni de droite : elle appartient à ce socle identitaire commun, hérité du passé, à cette énergie créatrice façonnant notre avenir, qui fait la fierté de la France et pour lequel il convient d’unir nos forces.

Je souhaiterais maintenant aborder les trois principales thématiques de votre projet de loi. La création tout d’abord. L’article 1er qui proclame la liberté de création ne peut que recueillir notre soutien : notre pays est fier d’offrir à ses artistes et à ses créateurs un cadre privilégié. Toutefois cet article était-il véritablement utile ? N’est-ce pas, pour reprendre le célèbre titre de la pièce de Shakespeare, « beaucoup de bruit pour rien » ? La liberté de création n’est-elle pas déjà protégée, comme il se doit, dans notre pays ? Nous sommes en présence de ce que le Conseil économique, social et environnemental nomme dans son rapport un « droit mou », un droit à valeur déclarative.

Dans l’exposé des motifs de la loi, vous nous expliquez qu’il s’agit de préserver les artistes contre les tentatives qui se multiplieraient d’atteinte à leur liberté de créateur. Mais le juge est heureusement là depuis longtemps pour préserver leurs droits. Les tags sur l’oeuvre d’Anish Kapoor sont odieux et j’ai, comme vous, manifesté ma totale indignation. Mais ne nous trompons pas de combat : Anish Kapoor n’a pas été interdit de créer. Il a été accueilli au château Versailles par un dîner de 700 couverts, digne des plus grands chefs d’État de la planète. Il a pu faire d’importants terrassements, pendant plusieurs mois, sur la perspective centrale à quelques pas du château, autorisation jamais encore donnée à quiconque. Le budget initial, inscrit dans les comptes du château, se montait à 800 000 euros, alimenté par du mécénat, sans compter les dépenses supplémentaires liées aux suites de ce scandale à rebondissements.

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