Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 13 décembre 2012 à 9h30
Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton, présidente de la Commission des affaires sociales :

S'agissant du tabac, on parle non pas de drogue, mais de substance psychoactive. Et c'est la seule substance psychoactive licite dont la consommation ne désocialise pas la personne. Quand un jeune entre dans le tabagisme à quatorze ans, cela ne provoque pas de désocialisation. Je prendrai un exemple volontairement provoquant : on peut devenir prix Nobel en fumant trois paquets de cigarettes par jour, c'est impossible en étant alcoolique. Ayant travaillé dans des réseaux de lutte contre la toxicomanie, je sais bien qu'il y a une différence entre un adolescent de quatorze ans qui fume une cigarette et un autre qui boit une bière : le second n'est plus dans son état normal et commence à se désocialiser.

En matière de prix, il faut distinguer deux niveaux. Pour un jeune qui n'a pas encore de dépendance physiologique au tabac, le prix du paquet de cigarettes peut être réellement dissuasif. Quand on est déjà dans l'addiction, en revanche, on continuera d'acheter des cigarettes même si le prix est très élevé, quitte à se priver d'autre chose. Bref, au risque de mécontenter les buralistes, j'affirme qu'une forte augmentation du prix limitera le primo-accès au tabac.

Par ailleurs, il faut dépasser la réticence dont font preuve les Français face à l'emploi d'images « trash ». Nous devrions diffuser des images très choquantes, comme les pays anglo-saxons sont capables de le faire dans leurs campagnes de prévention.

Je rejoins l'analyse des rapporteurs concernant le tabac à rouler : j'ignore pourquoi ce produit est moins taxé, mais je sais que c'est une porte d'entrée pour le cannabis.

Il faut également poser la question du périmètre d'implantation de bureaux de tabac autour des lycées et des collèges. Il sera toujours plus compliqué, pour un jeune, d'aller acheter un paquet de tabac si le buraliste n'est pas à proximité.

Les contrôles, on l'a dit, sont insuffisants. Pour avoir fait des tournées avec la gendarmerie et la police à Toulouse, j'ai constaté que l'on fumait dans certaines boîtes de nuit le samedi soir. Les lieux festifs devraient faire l'objet d'une surveillance accrue de ce point de vue.

Lorsque l'on avait effacé la cigarette d'une image de Malraux, fumeur notoire, une vive polémique avait éclaté. Pensons aussi aux films anciens ou aux séries télévisées des années 70. L'inspecteur Columbo, par exemple, ne cesse de fumer !

La transformation de « Drogues Alcool Tabac Info Service » (DATIS), qui était connu de beaucoup de monde, en « Addictions Drogues Alcool Info Service » (ADALIS) a complètement brouillé le message. Le public ne sait plus à qui s'adresser.

Le rôle du médecin, du pharmacien et des professions paramédicales est assurément primordial, mais quels sont aujourd'hui les moyens de la médecine scolaire pour faire de l'information auprès des jeunes ?

Je reviendrai pour finir sur l'image du tabac : pour les jeunes, ce n'est pas un produit dangereux, car il ne les met pas dans un état second qui les désocialise.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion