Je tiens moi aussi à féliciter la Cour des comptes pour la qualité de son rapport.
La coordination européenne des prix du tabac est un vrai problème qu'il convient de résoudre. En effet, les différences de prix à l'intérieur de l'Union européenne génèrent un trafic d'autant plus dangereux qu'il permet la circulation de cigarettes dont on ignore la véritable composition.
Vous avez évoqué, monsieur le Premier président, le plan cancer 2003-2007, qui a permis de mener une excellente action en matière de prévention. Monsieur le président de l'Assemblée, de 2007 à 2012, j'ai coprésidé, aux côtés de Jean-Louis Touraine, le groupe d'études sur le cancer, qui réunit la droite et la gauche de l'Assemblée nationale, mais j'ai le regret de constater que Jean-Louis Touraine est désormais seul à la barre. J'en suis d'autant plus marrie que nous avions fait ensemble un travail très utile, le combat contre le cancer ne connaissant pas la fracture politique.
Nous devons multiplier notre action, notamment en vue de généraliser la prévention. N'oublions pas en effet que si l'arbitrage sur les objectifs est délicat, compte tenu de l'apport financier du tabac aux finances publiques, le coût de celui-ci est bien plus élevé en termes de santé publique. C'est pourquoi il convient de redéployer les moyens de la prévention. Mme la présidente de la commission des affaires sociales a fait des remarques pertinentes sur le sujet, notamment en matière de médecine scolaire, laquelle est aujourd'hui dépourvue de moyens et de considération. Il faudrait en outre associer davantage le personnel paramédical, qui a une très grande proximité avec la jeunesse. De manière générale, la prévention et les aides au sevrage doivent être davantage encouragées.
D'aucuns ont souligné que les lois sur le tabagisme sont plus ou moins bien respectées. Cela dit, la fumée est en voie d'être bannie des appartements, et cela sans l'intervention d'aucune loi. L'habitude a été prise d'aller fumer dans le jardin, sur le balcon ou à la fenêtre. Le changement des comportements ne passe donc pas forcément par l'interdiction. Nous devons également nous interroger sur la progression de la consommation de tabac par les jeunes filles et sur le pourcentage trop élevé de femmes enceintes qui fument. Je ne pense pas qu'obliger les buralistes à demander leur carte d'identité aux jeunes soit une bonne mesure. Il faut approfondir la réflexion sur tous ces sujets, notamment au sein du groupe d'études de l'Assemblée nationale, afin de dégager des solutions pragmatiques, lesquelles devront être associées à une triple prévention, médicale, financière et scolaire, le tabac n'étant pas désocialisant, comme l'a remarqué à juste titre Mme Lemorton.