Ce débat est riche et intéressant pour le président de la mission d'information sur les normes prudentielles et le financement non bancaire de l'économie que je suis, comme pour le rapporteur d'application de la loi de régulation et de séparation des activités bancaires que j'ai été, aux côtés de Karine Berger.
Je respecte pour ma part le point de vue de chacun, notamment des économistes qui se sont exprimés, et les questions qui ont été posées.
Faut-il à la tête de la Banque de France un économiste ou un praticien ? C'est là la vraie question. Cette institution est-elle un simple outil d'analyse économique, ou un opérateur important dans le domaine financier ? Je ne connais pas personnellement M. Villeroy de Galhau, mais j'entends des anciens que je respecte faire part de ses qualités : nul n'a de doute sur sa probité. D'ailleurs son passé parle pour lui : jamais il n'a été mis en cause dans quelque affaire que ce soit. Il est loisible de s'interroger sur les éventuels conflits d'intérêts ; évitons, ce qui n'a pas toujours été le cas aujourd'hui, de passer au procès d'intention.
À mon sens, c'est un praticien qui doit être gouverneur de la Banque de France. Les problèmes sont réels, à commencer par la titrisation, évoquée par Mme la rapporteure générale : pour financer l'économie, on met en circulation des titres dont, au bout d'un certain temps, plus personne ne comprend la nature exacte...
Je note aussi que nous avons auditionné un jour un praticien qu'on était allé chercher – pour des raisons de conflits d'intérêts – alors qu'il était à la retraite depuis six ans : il allait donc devoir appliquer une règle dont il n'avait jamais eu connaissance au cours de sa vie professionnelle ! On nage en plein délire.
Soit vous estimez que le passé de M. Villeroy de Galhau crée inévitablement de graves conflits d'intérêts, et alors, mes chers collègues, vous devez voter contre sa nomination ; soit vous estimez qu'il est d'une probité absolue, et alors il me semble qu'il faut considérer que l'on a plutôt besoin, à la tête de la Banque de France, d'un praticien que d'un économiste.