À travers vos propos, madame la secrétaire d'État, nous avons senti votre engagement en faveur de la francophonie. Mes questions porteront sur l'intérêt pour le contribuable de cette participation à une diplomatie d'influence francophone. Vous avez évoqué les partenariats de la France. Comme parlementaires, nous voulons que son influence s'y fasse sentir particulièrement. Quand les représentants de l'OIF s'expriment, il est normal qu'ils parlent au nom de l'ensemble du monde francophone. Mais à votre ministère revient la défense des intérêts français.
Hors la contribution à l'OIF, le budget de votre ministère vous paraît-il à la hauteur des ambitions politiques de la francophonie ?
TV5, chaîne en pleine croissance sur laquelle vous exercez une tutelle, ne fait-elle pas concurrence à France 24 ? La France a-t-elle les moyens de financer ainsi deux chaînes, alors que l'influence du français sur les réseaux hertziens ou satellitaires demeure très faible, dans les pays francophones et au-delà ?
D'ailleurs, il semblerait qu'un recul fort de la pratique du français soit observé dans l'espace francophone. C'est ainsi que dans un pays comme le Rwanda, en vingt ans, la langue française a totalement disparu au profit de l'anglais. Quelle est la politique francophone au-delà de son aire linguistique traditionnelle ? Une forte demande de français s'exprime en Chine ou en Amérique latine où les moyens des alliances françaises ne font pourtant que décroître.
Soumis à des attaques informatiques, le réseau informatique de TV5 devra faire l'objet d'une sécurisation qui coûtera cher. Par ailleurs, les salariés précaires de la chaîne sont sortis vainqueurs de la procédure intentée contre leur ancien employeur ; TV5 devra donc les intégrer ou les réintégrer, ce qui pèsera sur les ressources de la chaîne. Encore qu'une provision avait-elle été passée pour parer à cette éventualité - ce qui n'est pas le cas de la sécurisation du réseau. Comment la chaîne va-t-elle pouvoir y faire face ?
Un des membres du Gouvernement m'a alerté sur un projet de directive européenne relative à la langue en usage dans le transport aérien. Elle tendrait à faire de l'anglais la langue unique des échanges, y compris sur le territoire national. Je m'en inquiète en ma qualité de secrétaire général de l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF).
Ma dernière question sera plus polémique. Si je salue votre engagement en faveur d'une francophonie tournée vers l'économie, dans le sillage du premier forum économique organisé à Dakar, au Sénégal, je déplore que le deuxième forum, qui se tiendra à Paris, fournisse une tribune à une société dont le siège social est établi à New York et qui paie ainsi ses impôts aux États-Unis. Ceci ne peut que susciter l'incompréhension et la moquerie. Comme vous, madame la secrétaire d'État, je ne voudrais pas que la francophonie soit vue par les jeunes comme une vieille dame ringarde ; elle doit être offensive !