Mes collègues ont déjà abordé de nombreux sujets, je vais pour ma part ajouter quelques mots concernant l'Estonie. Tout d'abord, quelques précisions concernant l'OTAN et ses activités. Les pays baltes et la France sont alliés au sein de cette organisation. Il s'agit d'un pilier important pour notre défense car l'Estonie est un petit pays.
Comme vous le savez, au sommet de Newport, l'ordre du jour a été recentré sur la défense collective, avec une focalisation de l'attention sur le flanc est. Des décisions importantes en vue d'améliorer l'état de préparation, la réactivité et la présence de l'OTAN sur le territoire des pays membres de la façade ont été prises.
L'an prochain, le sommet de Varsovie sera notamment l'occasion de dresser un bilan de ce qui a été entrepris. Il s'agira également de continuer l'adaptation de l'Alliance à la nouvelle réalité géostratégique européenne, non seulement à l'est mais aussi au sud. Tout d'abord, la Russie continue d'être dangereuse et imprévisible, et elle accroît sa puissance militaire et son activité à proximité des frontières de l'Alliance. De même, l'instabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ainsi que les défis connexes comme les pressions migratoires doivent être pris en compte.
Par ailleurs, le sommet de Varsovie devra faire le point sur les succès obtenus depuis Newport pour améliorer les capacités de l'OTAN à répondre à ces défis : amélioration de la NATO Response Force (NRF), de la planification, augmentation de la présence, des exercices et du pré-positionnement des infrastructures et des stocks.
Je peux faire état de quelques nouvelles positives concernant les dépenses de défense. Dans ce domaine nous travaillons à rendre nos partenariats les plus fructueux possibles.
Il existe d'autres jalons importants, comme la capacité opérationnelle initiale de l'OTAN en matière de défense anti-missiles balistiques.
Enfin, les chefs d'État et de gouvernement auront à tracer la voie à suivre. Quelles sont les prochaines étapes pour adapter l'Alliance à la nouvelle situation sécuritaire ? Premièrement, il s'agira de poursuivre cette adaptation. Nous avons identifié plusieurs domaines dans lesquels des progrès peuvent être accomplis. Tout d'abord, il convient d'accroître l'efficacité de la structure de commandement. Il faut également voir au-delà de la NRF pour rechercher les moyens de renforcer la structure des forces de l'OTAN en général, afin de les rendre plus flexibles et capables de réagir plus rapidement. Nous devons également porter un nouveau regard sur les capacités haut de gamme dont nous avons besoin pour les missions les plus exigeantes de l'Alliance.
Deuxièmement, il convient de réévaluer la défense et la dissuasion. Depuis le sommet de Newport, l'OTAN a continué à analyser l'environnement stratégique. Je crois que le sommet de Varsovie offrira le cadre approprié pour entamer les discussions quant aux conséquences de ce nouvel environnement sur la position future de l'Alliance. Dans ce cadre, nous devons assurer une présence militaire suffisante dans les pays baltes, prévue sur la base d'un plan de rotation à long terme.
Quelques mots également sur le nucléaire, sujet très actuel. En tant que membre de l'OTAN, l'Estonie continue à bénéficier de la capacité de dissuasion de l'Alliance, en plus des forces conventionnelles anti-missiles. Nous sommes très préoccupés par le développement de la stratégie nucléaire et par les intentions de la Russie, qui concentre son attention sur ce domaine. Ceci pose un grave problème. Selon nous, la Russie viole les obligations découlant du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) selon lequel il est interdit de posséder, de produire ou d'effectuer des essais en vol de missiles balistiques et de croisière d'une portée comprise entre 500 et 5 500 kilomètres. Ce traité contribue à la sécurité de l'OTAN, de ses membres et de la Fédération de Russie. Des missiles de ce type pourraient potentiellement entraîner de graves problèmes pour l'équilibre stratégique en Europe. Ainsi, les messages et les actions de la Russie sont continuellement source d'instabilité pour la communauté internationale. En conséquence, l'OTAN a décidé approfondir sa réflexion sur ces questions, une démarche que l'Estonie soutient pleinement.
Je souhaiterais enfin évoquer le budget de la défense estonien. En 2016, il atteindra près de 500 millions d'euros, soit plus de 2 % de notre PIB. À cela s'ajoutent environ 100 millions d'euros pour le développement de nouvelles capacités militaires.
Pour résumer et conclure, ce qui importe c'est : la dissuasion, la présence de l'OTAN sur le territoire de l'Estonie et des autres pays baltes, la capacité de l'OTAN à réagir, et la nécessité d'analyser la dissuasion nucléaire et l'avenir du traité FNI.