Monsieur le Premier ministre, j’associe à ma question les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, qui ont été à l’origine de la proposition de loi tendant à la suppression du mot race de la législation française. En tant que rapporteur de cette proposition, je vous rappelle qu’elle a été adoptée par la majorité des députés, de la gauche à la droite comprise, et avec le soutien du Gouvernement. Pour des raisons que j’ignore, elle est restée lettre morte. Cette attitude ne nous honore pas au moment où le racisme refleurit de façon exubérante. Tout racisme d’où qu’il vienne est condamnable. Il ne saurait donc y avoir de racisme nuancé. La nuance est une notion poétique non applicable au racisme.
Monsieur le Premier ministre, en vertu des prérogatives que vous confère expressément l’article 48 de la Constitution, nous vous demandons d’inscrire cette proposition de loi à l’ordre du jour du Sénat, comme il est d’ailleurs de coutume pour les propositions adoptées dans l’une des deux chambres, pour un examen dans un délai que nous souhaitons aussi court que possible.
Le 30/10/2015 à 12:20, laïc a dit :
Pour illustrer mon précédent commentaire, voici une phrase issue d'une intervention de M. Valls en séance du 19 février 2015 à 15h00 :
"La maîtrise du français, et donc l’accès à la nuance, à la complexité des choses, est notre chantier prioritaire, comme l’a annoncé la ministre de l’éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem."
Ceci dit, ce n'est pas en éliminant le latin et le grec des enseignements prioritaires que l'on va beaucoup développer le goût de la nuance chez les élèves, et leur permettre d'accéder à la complexité des choses, tant vantée par M. Valls. Décidément, la réforme du collège, l'idéologie socialiste ne font pas bon ménage avec les déclarations pleines de bonnes intentions que l'on peut entendre à l'Assemblée nationale. Le nivellement du niveau par le bas, en permettant de simplifier à l'excès la représentation et la compréhension du monde chez les élèves, en leur enlevant des passerelles vers les nuances, les poussera vers le totalitarisme, avec toutes les dérives regrettables que cela peut créer, comme l'émergence du racisme, que l'éducation nationale a comme devoir de combattre et non pas de propager par cette baisse du niveau qui va le favoriser évidemment.
Le 08/10/2015 à 09:10, laïc a dit :
"La nuance est une notion poétique non applicable au racisme."
Pas du tout, la nuance est une notion de logique, elle est induite par un connecteur logique, c'est la base de la réflexion, le vrai socle de la lutte contre la totalitarisme. Un argument non nuancé ou non nuançable est un argument totalitaire, qui refuse d'avance la discussion et l'opposition, qui rejette toute approche ou développement autre que celle ou celui avancée par l'argumenteur.
Maintenant, le racisme est une notion particulière, qui suscite les mauvais instincts, et il est en effet préférable de ne pas trop discuter sur ce sujet. Mais ne nions pas l'importance fondamentale de la nuance dans le débat démocratique. Il serait en effet regrettable que ce soit au nom de la lutte contre un totalitarisme inacceptable (le racisme) que l'on crée les conditions d'un autre totalitarisme tout aussi inacceptable, à savoir le rejet de la nuance comme facteur essentiel de la réflexion démocratique, car l'on sait bien que la poésie ne fait pas partie des arguments recevables dans le débat démocratique, ou bien recevables uniquement pour illustrer en plaisantant, c'est-à-dire en lui déniant un rôle sérieux et déterminant, fondation de la loi et du discours politique. Un monde sans nuance, c'est un monde sans logique, et un monde sans logique, c'est un monde absurde et totalitaire, ce dont nous ne voulons à aucun prix, d'autant plus que c'est celui-ci qui crée les conditions les meilleures pour le développement du racisme.
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