Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, au milieu de l'interminable, soporifique et quelque peu scolaire discours de politique générale que le Premier ministre nous a infligé hier ici même, (Murmures sur les bancs du groupe SRC.) les Français et les Européens ont appris deux grandes nouvelles, dont la principale particularité est qu'elles sont parfaitement contradictoires.
La première nouvelle, destinée à l'électorat de la majorité, est « qu'aucune agence de notation ne notera jamais le rêve français » – c'est beau comme l'antique –, rêve que le candidat Hollande entendait hier « réenchanter ». Autrement dit, vous prétendez que le fameux modèle économique et social français, qui prend l'eau de toutes parts et ne survit que parce que la France emprunte chaque jour 500 millions d'euros – fort heureusement à des taux qui restent encore historiquement bas aujourd'hui –, va perdurer. Le Premier ministre l'a confirmé par une autre belle sentence : il n'y aura pas « de tournant ». Au reste, M. Ayrault n'a pas prononcé le mot « rigueur » et, mieux encore, il « refuse l'austérité ».