Intervention de Claude Josserand

Réunion du 30 septembre 2015 à 16h15
Commission des affaires économiques

Claude Josserand, CGT :

Plusieurs questions se recoupent. Je vais répondre à propos d'ASN – sur laquelle nous avons à peu près tous le même avis.

Vous vous interrogez à propos du devenir de cette filiale, que la direction propose aujourd'hui de vendre en LBO. Il y a un an, alors que le groupe était très endetté, elle proposait déjà de la vendre, le plan de Michel Combes prévoyant la cession d'un milliard d'euros d'actifs. Par la suite, une proposition d'introduction partielle en Bourse, à 49 %, s'est transformée au fil des mois en vente totale en LBO.

Il y aurait aujourd'hui deux fonds en lice : PAI Partners, une filiale BNP associée à un américain, et TowerBrook, un fonds d'investissement nord-américain. Malheureusement, on connaît trop bien le mécanisme des LBO : « se payer sur la bête » pour payer l'achat, en exigeant des rendements et des taux de bénéfices élevés, totalement intenables. Ce type de vente serait particulièrement dommageable pour cette filiale qui, de par son activité, a des rendements un peu cycliques.

Le montage des consortiums qui font poser les réseaux sous-marins est assez complexe. Ce sont à l'origine des consortiums d'opérateurs, mais de plus en plus souvent des consortiums financiers, voire des entreprises comme Google, Amazon ou autres, qui deviennent eux-mêmes actionnaires dans ces consortiums. Cela génère des à-coups dans les commandes, et donc des bénéfices très variables.

Sachez tout de même que cette filiale a toujours été bénéficiaire, parfois fortement, et en tout cas jamais déficitaire. C'est le numéro 1 mondial de la pose de câbles sous-marins – quand on dit câbles, on vise les répéteurs qui sont sous la mer, et les terminaux qui sont à chaque bout – qui, certaines années, génère de forts bénéfices.

Le responsable du cabinet de M. Macron nous a dit que la BPI pourrait partiellement entrer dans le capital d'ASN. Mais pour nous, cela ne résoudrait rien : d'abord, la BPI se comporte parfois aussi mal que d'autres fonds de pension ; ensuite, 80 % du capital resterait sur des fonds de pension qui ne sont pas des entreprises industrielles, ce qui pour nous est un souci ; enfin, cette entreprise a de fortes adhérences avec le reste du groupe, en particulier par sa R&D – en matière d'optique, la R&D est commune aux réseaux terrestres et sous-marins.

Nous demandons tous que cette entreprise reste adossée au groupe Nokia, même si ce n'était pas prévu à l'origine. On ne sait d'ailleurs pas pourquoi. Nous avons posé la question aux services de M. Macron, mais ils n'ont pas d'informations particulières à ce sujet. Quant à notre direction, elle est un peu hors du coup en ce moment, car les décisions se prennent surtout au niveau de Nokia.

Nous souhaitons donc que ASN reste adossée au groupe Nokia, éventuellement à travers une filiale où la BPI pourrait avoir sa part – dans la mesure où ASN est considérée comme stratégique en France. En tout cas, il faudrait qu'elle soit adossée à un grand groupe industriel. L'intérêt de Nokia réside dans le fait qu'il existe une complémentarité des réseaux terrestres et sous-marins, laquelle ne pose pas, selon nous, de problèmes dans ce groupe.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion