Intervention de Pascal Guihéneuf

Réunion du 30 septembre 2015 à 16h15
Commission des affaires économiques

Pascal Guihéneuf, CFDT :

On n'est pas encore chez Nokia. On est dans la phase où l'on doit respecter des réglementations en termes de compétition. Il n'empêche que des groupes de travaux sont en cours et que des questions commencent à se poser. Les syndicats européens, notamment, s'interrogent sur le modèle qui sera choisi et comment Nokia décidera de répartir ses sites.

Il y a deux modèles différents. Celui d'Alcatel-Lucent était plutôt « multisites » : sur un projet, beaucoup de monde, beaucoup de sites, et beaucoup de pays. Celui de Nokia est beaucoup plus spécialisé. Nous devrons donc réapprendre la spécialisation. Pourquoi pas ? Mais reste à savoir les domaines dans lesquels nous pourrions nous spécialiser.

En ce moment, notre fer de lance est la virtualisation – qui englobe la 5G. Et quand on parle de virtualisation et de réseaux virtuels, on s'interroge immédiatement sur la sécurité des données. Cela nous intéresse beaucoup, nous y avons beaucoup travaillé et nous avons en ce domaine une sorte de spécialisation qu'il serait très intéressant de développer.

Ensuite, les formations en cybersécurité sont bien avancées en France. Il faut que l'on transforme cet acquis en produits et en réalité, c'est-à-dire en emplois. Les régions – la Bretagne ou d'autres régions – pourraient s'y intéresser. Il y a des écoles, les militaires s'y intéressent déjà. Pourquoi pas nous ?

Nous pouvons nous spécialiser dans ces domaines, par exemple. Cela dit, il est important de conserver une taille critique. Quelle sera cette taille critique, dans ce nouveau monde Nokia ? On y réfléchit d'ores et déjà.

Je voudrais relever ce qu'a dit Mme Erhel en début d'audition, à savoir que les emplois de R&D seraient augmentés grâce à « une promesse de 500 chercheurs ». Mais pour nous, ce n'est pas une promesse, c'est un engagement. Le terme d'engagement est plus fort que celui de promesse. Il est contraignant. Nous allons le dire et le répéter. Quant à nos dirigeants, chaque fois qu'ils verront des gens de Nokia, ils leur rappelleront cet engagement. Les gens de Nokia ne doivent pas oublier qu'en France, ils sont soumis à cette contrainte. Ils nous rachètent, mais nous sommes tout de même vivants, et nous faisons davantage de chiffre d'affaires qu'eux ! Nous allons donc insister et veiller à ce que cet engagement se transforme en réalité.

En matière de brevets, il est sûr qu'il y a quelque chose à faire. Par exemple, s'agissant d'ASN, nous essayons de mettre les brevets dans France Brevets – organisation dont je ne connais pas bien le statut, mais qui mériterait d'être développée. Il ne faut pas oublier en effet qu'un brevet ne se limite pas à son coût de réalisation : derrière, il y a tout le système scolaire et universitaire français. Comment le prendre en compte ? C'est vraiment une question pour vous. Pour nous, le brevet est un résultat. Et quand il sort, il est partagé de par le monde.

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