Intervention de Claude Josserand

Réunion du 30 septembre 2015 à 16h15
Commission des affaires économiques

Claude Josserand, CGT :

Je voudrais répondre à Mme de La Raudière sur la question que beaucoup se posent : est-ce qu'une autre issue était possible ? Honnêtement, on en voit peu, et c'est pour cela que l'ensemble des organisations syndicales ne s'est pas opposé à la fusion.

Mais revenons en arrière. Fin 2012, nous avions frappé à la porte de M. Ayrault, alors que le groupe était pratiquement en cessation de paiement. Nous proposions notamment que l'État investisse dans le groupe pour le recapitaliser en partie. Il ne s'agissait pas seulement d'apporter de l'argent frais, mais de modifier les orientations stratégiques que nous avions critiquées depuis le début de la fusion avec Lucent.

Évidemment, aujourd'hui, on ne peut pas prédire l'avenir. Nous espérons que cela se passera mieux, mais nous restons interrogatifs et méfiants. Cela dit, aucune autre solution ne nous semble tenir la route, sauf si l'État voulait fortement investir dans le groupe Alcatel-Lucent. Mais c'était plutôt en 2012 qu'il aurait fallu le faire parce qu'à l'époque, l'action était tombée à un euro. D'où la remarque de la CGT : si les 500 millions d'euros qui ont été investis en CIR depuis 2007 – quand le mode de calcul a changé – ne l'avaient pas été à fonds perdus – puisque chez nous, cela ne s'est pas traduit en gains mais en suppressions d'emplois – l'État serait aujourd'hui actionnaire du groupe à 25 %. Évidemment, ce n'est pas perçu de la même manière par les chefs d'entreprise.

À la CGT, nous sommes beaucoup plus réservés sur le CIR. Nous demandons qu'il soit conditionné à des aides sur des projets donnés, avec des garanties chiffrées sur les emplois en R&D dans l'entreprise, mais aussi sur les emplois induits. En effet, si la puissance publique injecte de l'argent dans les entreprises, ce n'est pas seulement pour payer des emplois à un instant précis, mais aussi pour qu'il y ait des retombées en matière d'emplois. Le CIR doit avoir un effet de levier sur les développements qui se font derrière, voire sur l'industrialisation – même s'il n'y en a quasiment plus dans notre pays.

Enfin, une question a été posée sur les composants. Nous n'avons pas d'informations. Cela dit, à la CGT, nous pensons qu'il faudrait avoir une filière qui aille des composants jusqu'à l'industrialisation. L'industrialisation n'est pas quelque chose de sale et inutile. En effet, les usines permettent des retours sur la conception de recherche et développement, que l'on perd lorsqu'on sous-traite les activités industrielles à des pays à bas coûts.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion