Intervention de Pascal Guihéneuf

Réunion du 30 septembre 2015 à 16h15
Commission des affaires économiques

Pascal Guihéneuf, CFDT :

J'en viens aux fonctions support.

Aujourd'hui, chez Alcatel, il y a trois grandes régions. Chez Nokia, il y en a sept. Le partage n'est déjà pas le même ; chez Nokia, les « parts de camembert » sont plus petites. Bien sûr, ne serait-ce que pour des raisons historiques, nous allons garder comme client Orange, en France et dans le reste du monde. Nous avons aussi SFR et Bouygues. Mais cela ne suffira pas en termes de taille critique, s'agissant des emplois support.

Pour des raisons géopolitiques et historiques, nous travaillons souvent avec les pays africains, francophones, et avec les pays méditerranéens et du Moyen-Orient. Nous espérons que cela continuera.

Nous espérons également améliorer ce que l'on pense qui est prévu aujourd'hui. Il conviendra notamment de préciser le terme de « selected » - ce qui est sélectionné dans les engagements. Il faut faire en sorte d'agrandir notre champ d'action. Et chaque fois que l'on récupérera un pays, on récupérera des fonctions support.

Nous avons constaté qu'en termes de chiffre d'affaires, Nokia était sans doute meilleur que nous en Europe sur la partie mobile, mais que nous étions meilleurs que Nokia sur la partie IP. Eh bien, vendons de l'IP en France ! Nous demandons depuis longtemps que l'on améliore notre positionnement sur l'Europe dans cette technologie. Nous aimerions donc récupérer de l'IP.

Cela commence par de la formation. Il faut améliorer la formation sur l'IP, mais aussi la 5G, la sécurisation des réseaux, la virtualisation, pour mieux vendre et mieux réussir ces fonctions support. Nous allons donc demander un plan de formation, qui va du basique à des certifications de haut niveau.

Technologiquement parlant, STMicroelectronics est une belle entreprise. Ils sont bien placés sur certains secteurs, mais ils n'ont pas les gros moteurs pour faire du hardware. Donc, tant qu'ils n'auront pas évolué, on aura du mal à les mettre en tête de nos choix stratégiques. Cela dit, si Nokia travaille beaucoup avec eux, tant mieux. Qu'ils rehaussent leur portefeuille vis-à-vis des télécoms, et ils seront bien accueillis. Mais aujourd'hui, pour les coeurs de hardware, nous travaillons surtout avec les Américains.

En matière de dialogue social, Nokia et la Finlande ont une autre culture que nous. Je qualifierai cette culture de très prudente. En Finlande, le taux de syndicalisation est très fort, puisqu'il atteint 70 %, et on y fait encore la distinction entre les « cols bleus » et les « cols blancs ». En France, c'est un peu dépassé. À la CFE-CGC, à la CGT, à la CFDT et ailleurs, tous les corps de métiers et toutes les classifications sont rassemblés. Cela modifie-t-il les modalités du dialogue social ? Est-ce que les cols blancs discutent davantage avec la direction ? Je ne sais pas, mais je constate que les Finlandais font preuve de beaucoup de prudence. Par exemple, ils sont très hésitants en matière d'information-consultation, une procédure qui existe en France. Ils donnent leurs documents à des experts. Et quand nous avons travaillé avec eux au mois de mai, nous avons vu arriver des avocats et il nous a fallu signer des clauses de confidentialité.

Nous espérons un peu casser cette prudence, pour pouvoir discuter avec eux comme on le fait avec vous. Je pense d'ailleurs que cela les surprendrait un peu de voir comment cela se passe avec vous et avec le cabinet du Gouvernement. Cela dit, il faut qu'ils apprennent. Nous allons essayer de leur apprendre.

J'ajoute que l'on va passer d'un droit français à un droit finlandais. Or je ne pense pas qu'il y ait dans le droit finlandais, comme c'est le cas dans le droit suédois, l'obligation d'avoir des administrateurs salariés. Mais nous allons leur demander.

De la même façon, nous allons devoir rapidement nous informer à propos des censeurs. Je vise là nos représentants des actionnaires salariés, actionnaires d'un fonds commun de placement qui abritait des actions essentiellement Alcatel. Nous allons essayer de voir comment abriter des actions Nokia et de voir si l'on ne peut pas mettre un censeur dans le conseil d'administration. Pour l'instant, on y travaille. C'est encore un peu difficile.

Je terminerai sur le fonds de 100 millions d'euros d'investissement en faveur de l'écosystème digital, et sur le financement, jusqu'à 5 millions d'euros par an, en faveur des universités et en faveur du développement de plateformes. C'est tout à fait sympathique, notamment pour les startups. Nous recevons déjà beaucoup de gens. Eh bien, ils seront encore plus nombreux à venir faire des tests dans nos laboratoires ou en accès virtuel. C'est très important.

Nous ne faisons pas assez de publicité là-dessus mais, par exemple, nous sommes actuellement en train de tester la sécurité des clés USB, qui ne sont pas toujours fiables. Ces tests attirent les gens. De nombreuses idées méritent d'être partagées, et tout le monde ne peut pas faire de plateforme de nouvelle génération. Nous sommes contents de pouvoir faire des plateformes et de les proposer à l'écosystème français. De la même façon, il paraît que nous sommes bons en objets connectés. Eh bien, les gens pourront venir tester leurs objets sur une plateforme de nouvelle génération.

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