Je tiens à compléter le propos de mon collègue sur une partie un peu spécifique de la GPEC, l'employabilité. Une partie est de la responsabilité de l'employeur. Mais au sein d'Alcatel, nous rencontrons un problème spécifique, qui est lié à l'âge des personnes qui vont se retrouver sur le marché de l'emploi. Ce ne seront pas des trentenaires, mais des salariés qui sont dans la moyenne d'âge, soit quarante-sept ans, voire au-delà. Or, en France, passé cinquante ans, il est extrêmement difficile de trouver un emploi. Bien sûr, certains organismes comme Pôle Emploi, la formation continue, le CNAM, etc. offrent des possibilités de reconversion. Mais les formations proposées sont rarement accessibles aux cadres. On considère en effet que celui qui a un bac +5, un bac +6, est suffisamment formé et n'a plus qu'à se débrouiller. Mais que faire, alors, si, par exemple, le milieu des télécoms ne veut plus de vous parce que votre formation initiale n'est plus adaptée ou que vous êtes trop âgé ?
Pourquoi repousser l'âge de la retraite jusqu'à soixante-deux, voire soixante-sept ans, si l'on ne s'assure pas que les gens pourront avoir du travail et ne risqueront pas d'être à la charge de la société à partir de cinquante-deux ou cinquante-trois ans ? Sans compter que ceux dont nous parlons auront eu un niveau de revenu correct, qui va considérablement baisser. Ils seront donc très aigris vis-à-vis de la société. On peut s'attendre à une radicalisation sociétale, qui sera très difficile à vivre.
Un effort de réflexion, de la part du Gouvernement comme de vous-même, s'impose. Comment employer les gens de cinquante ans et plus ? Le problème est particulièrement aigu pour les cadres qui, jusqu'à présent, lorsqu'ils étaient licenciés, retrouvaient du travail au bout de six ou douze mois. Mais ce n'est plus le cas. Il y en a qui n'en retrouvent plus. Certains de ceux qui étaient partis dans le cadre du dernier plan d'Alcatel sont encore sur le carreau. Que feront-ils quand ils seront en fin de droits ? Il y a là une problématique vraiment spécifique sur laquelle nous devons tous nous pencher.
De notre côté, nous travaillons sur la GPEC. Mais je pense qu'il y a des messages à faire passer, comme par exemple « à cinquante ans, la vie n'est pas finie ». N'oublions pas que ces gens-là ont acquis des valeurs et une expérience qu'il convient de valoriser. Il faut faire changer les mentalités en France, en s'adressant à la fois aux employeurs et à toute personne susceptible d'embaucher.