On le voit, le marché s'organise par rapport à des échelles qui nous échappent un peu. Au-delà de la réglementation nationale, l'Europe influe beaucoup sur la manière dont les marchés fonctionnent. Comme M. Straumann, je vois quelle complexité peut créer la proximité avec une frontière, ibérique dans mon cas. Mais il y a aussi l'organisation mondiale, avec l'OCDE et les négociations actuelles sur l'accord commercial transatlantique, dit TAFTA. Tous ces éléments font qu'on a bien des difficultés localement à organiser les prix par rapport à la production, aussi bien dans le secteur agroalimentaire que dans celui des produits manufacturés.
Dans le cadre de la loi du 18 juin 2014 relative à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises, dite loi Pinel, nous avons travaillé, Pierre Verdier et moi-même, sur le sujet de l'urbanisme. Nous avons constaté que le développement de grands équipements aboutit à des phénomènes de concentration qui attirent le consommateur. Si l'on veut parvenir à réguler le marché, il faut travailler en particulier sur la manière dont on affiche l'offre. De même, on doit se pencher sur la question des circuits de distribution. On voit, en effet, que les gens modifient leurs habitudes de consommation lorsqu'un marché est organisé localement.
Il faut donc travailler sur tous ces niveaux pour changer les automatismes : ceux des centrales de production à s'agglomérer, ceux des grandes surfaces à se développer sur le territoire, et ceux qui font les habitudes de consommation des consommateurs.