Garantir aux peuples européens une offre énergétique fiable et durable à un prix abordable est un défi stratégique d'autant plus difficile à relever que les politiques énergétiques des États membres sont disparates. Comme vous l'avez souligné, une intégration plus forte est essentielle afin que l'Union européenne parle d'une seule voix sur la scène internationale. Mais se posent alors les questions majeures du degré de souveraineté énergétique pour chaque pays et des choix énergétiques européens. Une Union de l'énergie suppose aussi de mobiliser chacun en fédérant autour d'une vision commune. Dans ce cadre, pensez-vous que la défense acharnée, parfois idéologique, des règles de la concurrence soit la bonne méthode ? Ainsi, la France a récemment été mise en demeure au motif qu'elle ne permettrait pas à des acteurs privés de construire des lignes électriques qui s'inséreraient dans le réseau public d'électricité actuel. Pourquoi remettre à tout prix en cause le monopole des gestionnaires de réseau ? Est-ce vraiment nécessaire à la transition énergétique ? Cela n'a-t-il pas au contraire un effet déstabilisateur qui pourrait mettre en péril l'équilibre des systèmes électriques nationaux ?
La Commission européenne a dressé une liste de 248 projets d'intérêt commun. Pour les mener à bien, envisagez-vous des financements entièrement privés ou des partenariats public-privé ? Les troubles qui secouent l'Ukraine et le Moyen-Orient imposent plus que jamais de diversifier l'approvisionnement. Comment garantir la sécurité de la production et du transport de l'énergie ? Une impulsion politique et économique n'est-elle pas nécessaire pour soutenir les objectifs de réduction des émissions de CO2, projet colossal ? Enfin, quelle est la vision stratégique de la Commission européenne sur l'hydrogène et la pile à combustible ? De nouveaux dispositifs d'accompagnement ou de soutien sont-ils prévus pour encourager les Européens qui s'engagent dans le développement de cette filière d'avenir ?