Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 30 septembre 2015 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

C'est une belle histoire ! Je compte aller moi-même constater cette installation qui se fait en concertation avec les élus de toutes tendances.

En 2016, nous allons également créer, dans le cadre de la montée en puissance de la FOT, le cinquième régiment de dragons à Mailly, qui expérimentera le programme Scorpion. Il s'agit de deux créations fortes dans le cadre du plan appliqué par le général Bosser.

Selon les informations dont je dispose à l'heure où je vous parle, les Russes ont frappé au nord de Homs, dans la région de Hama, zone de conflit entre les forces de Bachar el-Assad et des groupes syriens combattants dont je n'ai pas encore toutes les identités ; ils n'ont donc pas visé Daech. Ceux qui suivent l'actualité de près savent bien que celui-ci est pour l'instant à Palmyre et nous savons qu'il progresse au-delà, vers l'axe Homs-Damas dont le dépassement serait grave car Daech s'approcherait alors du Liban. Mais cela ne s'est pas produit. Peut-être que depuis que j'ai eu ces informations, les Russes ont effectué d'autres frappes ; mais pour l'heure, la coalition contre Daech suggérée par la Russie ne s'est pas traduite par des premières frappes contre Daech, même si la communication russe affirme le contraire. Manifestement il s'agit pour les Russes de protéger Bachar el-Assad contre l'insurrection, y compris Al-Qaïda.

Monsieur Lamy, monsieur Boisserie, c'est en 2015 que l'opération Sentinelle pose problème puisqu'on doit assurer la présence de 7 000 militaires, susceptible d'être portée à 10 000 de toute urgence, avec des effectifs qui sont ceux de début d'année. L'engagement des recrutements nécessaires pour arriver aux 11 000 postes de plus dans la FOT – qui permettront de respecter le contrat opérationnel – suppose de former ce nouveau personnel. L'année 2015 est donc marquée par des difficultés incontestables, que nos soldats prennent plutôt bien, d'autant qu'il a fallu gérer la période estivale. La manière dont l'armée de terre a vécu ce moment m'impressionne.

J'ajoute à cela les conséquences sur le logement et les conditions de vie, pour lesquelles il a fallu, au départ, improviser. J'ajoute aussi le fait que nous n'avons pas autant diminué que je le pensais initialement les effectifs sur certaines opérations, en particulier Sangaris. En raison de l'augmentation des tensions, j'ai ainsi demandé au président de la République de m'autoriser à maintenir plus de 900 militaires sur le camp de M'Poko. Cela complique encore l'année 2015. Il a fallu répondre au plus urgent et vous avez raison de souligner que cela n'a pas été simple, mais nous sommes en train de réussir l'opération. La population apprécie la présence des forces armées. Les retours que nous avons sont très positifs, l'image des armées dans l'opinion est très bonne.

Nous opérons d'après un nouveau concept, lequel a certes été décidé dans l'urgence mais se poursuivra : ce sont les mêmes militaires qui assurent à la fois les missions à l'extérieur et celles du territoire national. Nous aurions pu imaginer la création d'une garde nationale ou bien encore une seconde gendarmerie, mais notre choix a été celui d'une seule armée remplissant des missions et un contrat opérationnel sur le territoire national et des opérations de projection à l'extérieur. Cela conduit les mêmes soldats à remplir des missions différentes mais complémentaires.

Lorsqu'a eu lieu, à Nice, une tentative d'assassinat sur des militaires, provoquée par Al-Qaïda, les trois militaires ont fait preuve d'un sang-froid remarquable. S'ils n'avaient pas eu une expérience de la projection, une culture de l'intervention et de l'emploi maîtrisé de la force , ils n'auraient pas pu agir de la sorte. Certaines capacités professionnelles sont indispensables dans ce genre de situations.

Il faut continuer d'affiner les concepts, tirer les leçons de la situation, définir la doctrine, les capacités, l'articulation avec le ministère de l'Intérieur sur la durée. Le ministère et le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) ont déjà commencé à y travailler et je me suis engagé à en rendre compte devant le Parlement en janvier.

Je reviendrai devant votre commission quand celle-ci le souhaitera, monsieur Fromion. J'ai répondu sur la déflation : ce sera 2 300 effectifs supplémentaires nets en 2016.

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