De nombreuses questions ont porté sur mes intentions en matière de coopération. Mon passé plaide pour la logique de partenariat – je suis intimement convaincu que c'est à la fois un défi et une grande force. Puis-je rappeler à cet égard la démarche partenariale de l'ANRU, qui associe l'État, les partenaires sociaux, la Caisse des dépôts et les collectivités locales – son conseil d'administration et son comité d'engagement reflétant cette diversité ?
Je rencontre régulièrement M. Gilles Bloch, président de l'Université Paris-Saclay et de la Fondation de coopération scientifique Campus Paris-Saclay, et ne conçois d'agir qu'en collaboration étroite avec l'Université Paris-Saclay. Elle est engagée dans des efforts actifs de rationalisation. Déjà, des écoles doctorales communes ont été mises sur pied. Mais si l'on cherche une image internationale, il faut pousser l'intégration plus loin encore ; sinon, les classements internationaux ne prendront pas en compte le campus dans son ensemble mais, séparément, les établissements qui le composent. En parallèle est menée une réflexion sur la réforme de l'École polytechnique, dont je ne suis pas sûr qu'elle aille dans le sens de l'Université Paris Saclay… J'ai connu M. Gilles Bloch du temps où je dirigeai l'ADEME alors qu'il était directeur général de la recherche et de l'innovation au ministère de la recherche, et je milite fortement en faveur d'une démarche partenariale et combinée. Au-delà, tous les soutiens sont nécessaires à la réussite de l'intégration.
Le projet de développement du plateau de Saclay se fera en partenariat avec les établissements académiques, qui ont eux-mêmes de très nombreux projets d'investissement – ainsi de la construction de laboratoires et d'amphithéâtres par l'Université d'Orsay, mais ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. J'ai cru comprendre que les plans de financement respectifs sont en voie de finalisation par le préfet de région.
Reste le financement des infrastructures d'aménagement et de transport. Il faudra en effet développer les transports en commun et le transport routier. Je me suis entretenu avec M. Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris, de la réalisation de la ligne 18 de métro automatique qui reliera Orly à Versailles en traversant le plateau de Saclay. L'objectif est, semble-t-il, que la ligne soit réalisée à l'horizon 2024. Elle est pour partie aérienne, et en souterrain à partir de Guyancourt. L'enquête publique relative à la partie aérienne du tracé aura lieu prochainement et la construction de l'ensemble sera faite en continuité. C'est important pour l'Université de Versailles Saint-Quentin, qui fait partie de l'Université Paris Saclay et qui serait sans cela maintenue à l'écart. D'autre part, le Syndicat des transports d'Île-de-France a engagé les travaux d'aménagement d'une ligne de transport collectif en site propre qui, partant de Massy, rejoindra Saint-Aubin. La plupart des ouvrages d'infrastructure sont terminés et la ligne devrait être mise en service prochainement.
Il faut aussi penser la mobilité durable mutualisée sur le site lui-même, à mesure qu'il se développera. Le campus sera très fréquenté, et si des transports urbains internes ne sont pas prévus, la circulation sur la RN118 deviendra très contrainte alors que les embouteillages y sont déjà fréquents en raison de problèmes à l'échangeur de Vélizy. Des projets de réaménagement de l'échangeur du Christ de Saclay et de celui du Guichet sont prévus et les financements sont actés.
Le financement des aménagements urbains repose effectivement pour beaucoup sur les ventes de droits à construire. J'aurai pour tâche de finaliser le projet avec les élus locaux, dont certains s'interrogent sur le développement de l'habitat. De 4 000 à 5 000 logements sont prévus dans les deux zones d'aménagement concerté du plateau de Saclay. J'ai bien l'intention de travailler en partenariat avec les élus locaux ; comment pourrait-il en être autrement ? La volonté de discussion est forte des deux côtés, mais j'ai cru comprendre que des difficultés persistent. J'ai déjà rencontré les présidents des quatre communautés d'agglomération – je précise que les communautés d'agglomération du Plateau de Saclay et d'Europ'Essonne ont décidé de fusionner le 1er janvier prochain –, les élus d'Orsay, de Gif et de Palaiseau, ainsi que le maire de Versailles, pour évoquer avec lui le projet de quartier à Satory, où des logements militaires, qui relèveraient de l'ANRU s'il ne s'agissait pas de l'armée mais de bailleurs sociaux, sont quelque peu à l'abandon. Je me suis également entretenu avec M. François Durovray, président du conseil départemental de l'Essonne et je m'entretiendrai cette semaine avec M. Pierre Bédier, président du conseil départemental des Yvelines. La Région, responsable des transports, aura aussi un rôle à jouer. Mon intention est bien de travailler avec les territoires et j'userai de mon expérience pour faire que tout cela fonctionne. Les élus ont été saisis de crainte par la perspective de la construction de logements ; il faudra pourtant réaliser ceux qui ont été prévus, leur construction conditionnant l'équilibre financier du projet.
À ce sujet, s'il n'y a pas eu de dotations majeures, une partie des terrains ont été remis à titre gratuit, ce qui correspond à une dotation indirecte de l'État. L'objectif est de parvenir à un développement urbain équilibré, la vente des droits à construire finançant les réseaux viaires et autres équipements collectifs nécessaires. Je le redis, la plupart des écoles et des universités concernées ont obtenu le financement de leurs propres projets d'investissements.
Dans les Yvelines, la zone d'aménagement concerté située autour de la future gare de Guyancourt a un fort potentiel d'équilibre économique. À Versailles, où est sis le pôle de compétitivité VeDeCom, on devrait aussi trouver un équilibre financier pour le projet Satory, si ce n'est que le quartier militaire mériterait, je l'ai dit, des investissements de rénovation pour lesquels il n'existe pas de financement identifié à ce jour.
Il manque en effet à l'Université Paris Saclay un lieu symbolique. Je suis convaincu comme vous l'êtes, monsieur Jean-Christophe Fromantin, qu'un tel lieu est nécessaire. Si le choix de ce site était retenu pour l'Exposition universelle de 2025, ce serait l'occasion de construire un bâtiment emblématique tel qu'en ont la plupart des grandes universités du monde – ainsi de l'impressionnant Rolex Learning Center de l'École polytechnique fédérale de Lausanne, qui est à la fois une extraordinaire réalisation architecturale et un lieu convivial pour les étudiants.
Puisque l'on veut créer une seule Université à Paris Saclay, l'ensemble des établissements présents sur le plateau doivent se prêter à un partenariat qui ne soit pas que de façade : cela signifie aussi accepter la mutualisation des équipements et, par exemple, le partage des logements étudiants au lieu que, comme c'est le cas, chaque établissement s'affaire à en créer à son usage propre.
Pour ce qui est de la coopération au niveau des territoires, j'avoue n'avoir pas pensé aux liens qui pourraient être établis avec le Sud de l'Île-de-France mais il y a certainement des choses à faire. Quoi qu'il en soit, le projet du plateau de Saclay peut avoir un effet d'entraînement et il est bon de travailler avec les élus pour que cette dynamique s'enclenche, mais l'EPA ne peut à lui seul assumer la responsabilité de l'aménagement de toute la région. Des collaborations académiques entre les laboratoires de l'Université Paris Saclay et ceux d'autres universités existent déjà.
Peut-on imaginer une participation financière des entreprises à la réalisation des infrastructures d'aménagement urbain ? Je ne suis pas certain qu'à ce jour les entreprises présentes sur le Plateau soit très coordonnées. Il faut établir un dialogue avec elles, et poursuivre notre dialogue avec la chambre d'agriculture, car il y a là 4 000 hectares de terres protégées. Il faut aussi renforcer l'accueil des PME et des TPE pour faciliter la création de startups. Aux côtés des grandes entreprises, nous ne devrons ignorer ni les entreprises en création ni les PME innovantes, qu'il faut aussi accompagner.
Le délai fixé par la loi pour la publication du décret n'a effectivement pas été respecté – je dois d'ailleurs avouer avoir fait connaître mon très fort intérêt pour cette mission dès 2013… À ma connaissance, le décret, qui a fait l'objet de nombreuses discussions, est à présent devant le Conseil d'État ; la procédure touche donc à sa fin. L'objectif est maintenant qu'il soit pris assez vite pour que la transformation de l'EPPS en EPA intervienne le 1er janvier 2016. Après avoir été, brièvement, président de l'EPPS, je deviendrai, après la publication du décret, directeur général de l'EPA par intérim, jusqu'à ce que le conseil d'administration du nouvel établissement public soit nommé, qui désignera son président – un élu local à qui il reviendra de proposer au Gouvernement de me confirmer dans ces fonctions.