Intervention de Francis Vercamer

Réunion du 7 octobre 2015 à 16h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrancis Vercamer :

Madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, je veux saluer le difficile exercice auquel vous venez de vous livrer devant nous. Nous avons assisté à une représentation très particulière…

Nous avons d'abord eu droit à un numéro de jonglage avec les chiffres, destiné à cacher deux décalages : l'un, entre les ambitions affichées et la réalité budgétaire, l'autre, plus inquiétant, entre les défis de la protection sociale et les réponses que vous y apportez.

Est venu ensuite un numéro de funambule autour de la sincérité budgétaire émaillé de tours de passe-passe entre les crédits, les gels budgétaires, et même les années budgétaires. Dans l'esprit de la discussion budgétaire et de la LOLF, il faudrait aujourd'hui davantage de transparence afin que les parlementaires assurent un meilleur contrôle du PLFSS.

Nous avons aussi assisté à numéro d'illusionniste sur la réduction des déficits pour tenter de faire oublier la promesse d'un retour à l'équilibre en 2017 – perspective repoussée à l'horizon 2020 ou 2021. Il faut bien avouer, madame la ministre, que, comme magicienne, vous êtes assez forte : pour 2017, vous sortez de votre chapeau les soins de suite sur lesquels aucune étude d'impact n'a été menée. Vous laissez évidemment vos successeurs subir les conséquences budgétaires de cette décision.

Mais vous êtes également contorsionniste, madame la ministre : vous prenez de façon originale le virage de l'ambulatoire en y consacrant seulement 500 millions d'euros, loin des préconisations de la Cour des comptes.

Je salue aussi votre numéro de voltige. (Sourires.) Il est vrai que l'équilibre était difficile à trouver car, en France, la croissance est atone en raison de la politique désastreuse menée par le Gouvernement. Sans croissance ni emplois, l'assiette des cotisations se rétrécit. La Cour des comptes a rappelé que la réduction du déficit était due à la hausse des prélèvements et non à vos choix. J'ai apprécié votre rétablissement à l'issue du saut périlleux relatif au retour à l'équilibre de la branche vieillesse… Je rappelle qu'il s'explique notamment par des mesures prises par l'ancienne majorité, comme la loi sur les retraites de 2010.

Malheureusement, vos numéros de dompteur concernent toujours les mêmes : le médicament, ses fabricants et ses prescripteurs qui sont une nouvelle fois malmenés par ce PLFSS. Pourtant les déserts médicaux sont aujourd'hui rattrapés par les déserts pharmaceutiques et, dans notre pays, une pharmacie ferme tous les deux jours, principalement en milieu rural. Ces déserts médicaux et pharmaceutiques, et l'absence de mesures en faveur de la permanence des soins font progresser les services de premier recours de l'hôpital de 6 % par an. Parce qu'ils sont beaucoup plus onéreux que les soins de ville, cette progression aggrave les déficits.

En ce soixante-dixième anniversaire de la sécurité sociale, votre spectacle n'a pas masqué l'absence de cap, l'absence de choix, l'absence de courage pour traiter les défis de notre protection sociale.

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