Intervention de Marisol Touraine

Réunion du 7 octobre 2015 à 16h15
Commission des affaires sociales

Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes :

Je suis à la disposition de la commission, et je m'efforcerai, mesdames et messieurs les députés, de répondre à toutes vos questions. J'essaierai cependant d'être synthétique et laisserai peut-être certains points pour le débat en séance.

Tout d'abord, je ne suis pas magicienne, et pas davantage une adepte de la multiplication des pains ni de la repentance. Il y a quand même un certain nombre de contre-vérités qu'il est difficile d'entendre ! Je veux bien que l'on m'explique que, PLFSS après PLFSS, nous ne faisons pas assez bien, mais il faudra expliquer aux Français comment un déficit inférieur à 10 milliards d'euros 2016 est pire, « beaucoup plus pire » comme disent les enfants, qu'un déficit de plus de 21 milliards d'euros, comme celui que nous avons trouvé en arrivant aux responsabilités. Et la loi de 2010 est tellement magnifique qu'elle serait responsable de toutes les avancées ! Je ne nie pas qu'elle a eu un impact, ce n'est absolument pas la question, mais il faut que vous choisissiez votre terrain de jeu, mesdames et messieurs les députés du groupe Les Républicains : ou nous ne réduisons pas suffisamment le déficit, et les chiffres que nous donnons sont « pipeau », ou ces chiffres sont uniquement dus à la loi de 2010 ! Il faudra que vous choisissiez votre angle d'attaque : ce ne peut pas être les deux à la fois.

Nous rétablissons les comptes de la branche vieillesse grâce à un ensemble de mesures. La loi de 2010 a apporté des financements, et nous ne le contestons pas. Ce que nous critiquons, c'est la manière dont elle les apporte. Nous sommes cohérents avec la ligne que nous avons adoptée l'opposition, qui reste la nôtre dans la majorité, qui était la mienne dans l'opposition et qui reste la mienne, aujourd'hui, au Gouvernement. L'objectif de faire travailler les Français ou la majorité d'entre eux n'est pas en cause, puisque nous avons allongé la durée de cotisation ; ce qui est en cause, c'est la manière de le faire. Et la durée de cotisation est, quoi qu'en dise M. Jacquat, un critère plus juste que le report de l'âge légal. Quand vous commencez à travailler à vingt-deux ans et qu'on vous dit qu'il faut travailler quarante-trois ans, vous arrivez à soixante-cinq ans ; mais, avec votre système, celui qui commence à travailler à vingt ans ira jusqu'à soixante-cinq ans : au total, il aura travaillé quarante-cinq ans, contre quarante ans pour celui qui n'aura commencé qu'à vingt-cinq ans, et dans des métiers en général moins pénibles… C'est donc une question de justice.

Et je me permets de vous rappeler que notre loi, qui, selon vous, n'aurait rien apporté, a quand même procuré 5 milliards d'euros de recettes supplémentaires au fonds vieillesse. À ce propos, comment peut-on dire que nous aurions « vidé les caisses » ? M. Barbier n'est plus là, mais c'est ce qu'il a prétendu. C'est quand même un peu fort de café ! Oui, c'est de la prestidigitation version Les Républicains, ça.

Dois-je rappeler ce qui est arrivé au fonds de réserve pour les retraites lorsque vous étiez au pouvoir ? Et la réforme de 2010, comment a-t-elle fonctionné ? Vingt-neuf milliards d'euros piqués, oui, piqués, à ce moment-là ! Le fonds de réserve pour les retraites était un excellent dispositif, et la réforme des retraites de 2010 a consisté à dériver les ressources de ce fonds de réserve des retraites et à dilapider au cours des années qui ont suivi une partie de l'argent accumulé.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion