Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 7 octobre 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Merci, messieurs, de votre présence.

Les Écologistes portent un regard exigeant sur la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024. Accueillir ce grand événement sportif peut être une belle opportunité, à condition de tirer les leçons des Jeux précédents qui ont généré de lourdes dérives financières, avec les conséquences que l'on sait pour les collectivités locales – car ce sont bien elles qui supportent les pertes budgétaires. De même, les retombées fiscales et économiques escomptées de ce type d'événement sont souvent décevantes : les emplois créés sont moins nombreux par rapport aux estimations et très majoritairement temporaires. L'impact sur le tourisme doit, lui aussi, être relativisé, car l'effet d'éviction est bien connu.

Or sur les avantages escomptés, certaines analyses mises en avant dans l'étude de faisabilité de février posent question car d'autres, bien moins positives, ont également circulé. Comme trop souvent, les prévisions sur les retombées économiques ou sur les coûts sont éloignées de la réalité. Comment comptez-vous éviter cet écueil et garantir des études et des estimations sincères ? Un comité de vigilance et d'éthique, composé d'acteurs non parties prenantes, pourrait être associé au travail sur la faisabilité de la candidature. Il faut impérativement sortir du système actuel qui incite les villes candidates à surenchérir en proposant des projets mirobolants. La sincérité et l'exemplarité de la candidature doivent se retrouver au niveau financier, mais aussi au niveau du projet.

Cela m'amène au projet lui-même. Il faut avoir l'ambition de faire des JO 2024 un outil au service de la modernisation écologique du Grand Paris. Cette candidature doit être un catalyseur, non seulement pour accélérer les grands chantiers d'infrastructure, notamment dans le domaine des transports collectifs – l'accès aux sites olympiques par les transports en commun ou les modes doux est une nécessité –, mais aussi pour construire de nouveaux équipements, y compris sportifs, qui répondent aux normes environnementales les plus exigeantes, et même au-delà. Les éco-quartiers ont été évoqués ; pensons aussi aux constructions à énergie positive. Il est en outre essentiel que tout projet de construction soit réfléchi au regard de son utilisation après l'événement, ce qui renvoie à la question de la deuxième vie des constructions et des équipements – certains villages construits par le passé ont encore du mal à être utilisés de façon adéquate.

La réflexion sur les équipements et l'usage des matériels doit se dérouler dans une même préoccupation de durabilité. Elle doit porter sur la gestion des déchets, avec des objectifs en matière d'économie circulaire, comme sur la provenance et la qualité des matériaux, des objets ou des produits alimentaires – je pense notamment aux conditions de travail de celles et ceux qui les produisent. Pourriez-vous préciser si ces exigences sont prises en compte et comment ? Il pourrait être intéressant que des ONG environnementales et de défense des droits de l'Homme soient associées à l'expertise et au suivi du projet.

Par ailleurs, quelles actions concrètes sont envisagées pour rendre cet événement sportif accessible à l'ensemble de la population ? À mon sens, cela peut passer par une tarification permettant aux personnes aux revenus modestes ou très modestes d'assister à l'ensemble des épreuves. La question des quotas, des billets gratuits ou à tarif très symbolique peut être posée. Il faut aussi permettre aux nombreuses associations sportives qui construisent le vivre-ensemble sur le terrain d'être acteurs de ces JO, pas uniquement en mettant à disposition des bénévoles, mais en étant associées à la construction du projet et en participant pleinement à ces Jeux. Afin que les JO incarnent le vivre-ensemble, quelles actions envisagez-vous pour que les équipements sportifs de proximité, essentiels à notre vision du sport pour tous, tirent profit de cet événement de grande ampleur ?

Enfin, nombre de personnes et de sportifs en situation de handicap préfèrent maintenir l'organisation des Jeux paralympiques dans un temps spécifique, c'est-à-dire dissocié des Jeux olympiques, notamment pour garantir leur visibilité. J'espère que cette question évoluera et que les JO permettront de mettre en valeur en même temps, avec la même importance, les exploits des hommes, des femmes, des personnes valides et non valides. Nous devons tous oeuvrer à une société inclusive.

La candidature de Paris aux JO doit prendre en compte toutes ces exigences.

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