Nous ne voyons que des synergies entre les JO 2024 et l'Expo universelle 2025. Ces deux événements procèdent de la même envie d'accueillir le monde, de montrer nos savoir-faire, nos innovations, ils sont porteurs d'enthousiasme. Au surplus, ces projets mobilisateurs permettront l'installation de nouvelles activités, mais aussi des changements de comportements. Au fond, ces deux opérations sont totalement complémentaires, y compris dans l'organisation et au regard des financements. Ce ne serait d'ailleurs pas la première fois que deux événements planétaires sont organisés dans un même pays : les JO d'été de 2008 à Pékin et l'Exposition universelle à Shanghai en 2010, les JO d'été à Barcelone et l'Exposition à Séville en 1992, et les candidatures s'enchaînent puisque Londres sera probablement candidate à l'Exposition 2025. Je précise que les modalités d'élection sont totalement différentes : le monde du CIO est relativement étanche par rapport aux États, alors que la désignation de la ville hôte de l'Exposition universelle passe par le vote des représentants des pays membres du Bureau international des expositions (BIE).
La billetterie accessible pour tous est une spécificité des grands événements en France. Les pouvoirs publics comme les organisateurs sont très attentifs à cette question. Lors de la Coupe du monde de rugby en 2007, pour laquelle j'occupais les fonctions de directeur général, la billetterie était notre seule source de revenus, mais nous avons fait le choix de permettre à des publics qui n'auraient pu accéder à ce type de manifestation dans d'autres pays de pouvoir le faire. À l'inverse, si la Coupe du monde de rugby en Angleterre bat tous les records en matière de recettes, ce n'est pas parce qu'il y a plus de monde dans les stades, mais parce que le prix des billets est très élevé… Et pourtant, Londres avait montré l'exemple inverse en 2012 pour les JO : beaucoup de billets étaient très accessibles – les jeunes âgés de douze ans payaient 12 livres sterling, ceux de seize ans 16 livres, les plus de soixante ans 16 livres également. Au Brésil, les plus de soixante ans paient demi-tarif pour tous les spectacles et il en sera de même pour les Jeux. Bref, comptez sur nous pour avoir une politique responsable, sachant que le budget d'organisation est intégralement financé dans le cadre du programme marketing des Jeux. Aujourd'hui, une somme de 1,7 milliard de dollars est garantie par le CIO. En 2012, la garantie était de 800 millions et les Anglais ont touché 1,2 milliard, auquel s'est ajouté 1 milliard de recettes de billetterie et un peu plus de 1 milliard de recettes de sponsoring. Tokyo, cinq ans avant les Jeux, a déjà accumulé plus de 2 milliards de recettes de sponsoring. Autant dire que les budgets sont relativement couverts en matière d'exploitation. Aujourd'hui, l'une des ambitions de l'Agenda 2020 est que les comités d'organisation des JO soient vertueux sur le plan financier, qu'ils dégagent des résultats et que ces résultats soient réinvestis dans le sport au niveau du pays. Dans le cadre du contrat de la ville hôte, le CIO a déjà prévu la répartition des résultats : 20 % remontent au CIO et 80 % restent sur le territoire dans des projets de développement du sport.
Certes, la protection des marques est importante, mais dans le respect de la législation. En France, les marques olympiques sont protégées et le comité national olympique s'organise pour faire respecter cette protection ; c'est même une source de revenus qui lui permet de financer le sport à l'international.
Nous avons établi le budget de la candidature à 60 millions d'euros, répartis de manière égale entre le public et le privé – à comparer aux 130 millions de dollars de Tokyo 2020, 120 millions de dollars pour Pyeongchang 2018, 150 millions de dollars pour Tokyo 2016. Notre approche est donc raisonnable, mais – encore une fois – nous nous inscrivons dans une logique de campagne : on aura du mal à courir en deux-chevaux quand les camarades roulent en Ferrari… Nous devrons réaliser un important travail d'étude, faire de la communication, conduire des relations internationales, organiser des déplacements, assurer le volet administratif. Aujourd'hui, nous considérons qu'avec 60 millions, nous avons les moyens de mener une candidature pertinente et compétitive.
Pour le choix de Marseille, six critères techniques, validés par la Fédération internationale de voile, ont été retenus – la qualité du plan d'eau, l'aménagement de la marina, l'espace pour les spectateurs, l'accessibilité et la capacité d'accueil, la gestion des risques – et un critère d'appréciation générale. Sur les six candidatures, dont je tiens à saluer la très grande qualité, le comité d'experts – composé de responsables de la Fédération de voile, de représentants de l'État et du CNOSF, et de sportifs de haut niveau hors voile –, a placé Marseille légèrement en tête, où existe un Pôle France voile. Nous sommes très heureux de ce choix qui nous garantira un rayonnement international, d'autant que l'axe Paris-Marseille est un atout. Bien sûr, nous comprenons la déception des habitants de La Rochelle et de ceux d'Hyères, qui ont probablement le meilleur plan d'eau du monde.
Madame Buffet, le centre des médias sera bien implanté sur le site du Parc des expositions du Bourget, à proximité immédiate du Stade de France et du centre aquatique. La question posée, au-delà de celle de la mise à disposition pour onze mois qui est réglée, est celle de l'extension, puisqu'un centre des médias est un monstre de 140 000 mètres carrés. Deux scénarios se dégagent. Le premier prévoit un centre des médias à proximité immédiate du village des athlètes, ce qui suppose l'utilisation temporaire de bâtiments au nord des bâtiments existants. Le second scénario verrait le village des athlètes hors du site, ce qui permettrait de libérer l'espace pour réaliser un village des médias à proximité immédiate du centre des médias, dont le positionnement légèrement décentré permettrait aux 20 000 journalistes de travailler dans de bonnes conditions. En fonction du concept qui sera arrêté pour le village des athlètes, qui reste notre priorité, la décision pourrait être prise au cours du mois prochain De créer un village des médias.
Pour les Jeux d'hiver 2022, je vous rappelle que huit villes étaient candidates au départ, dont Munich, Davos, Oslo, Stockholm, Cracovie, Lviv en Ukraine. Pour des raisons diverses, il n'en est resté que deux, Almaty au Kazakhstan et Pékin en Chine. A posteriori, on peut penser qu'une candidature française aurait probablement décroché la timbale, mais on est toujours plus intelligent après qu'avant…
Nous travaillons pour identifier les atouts différenciant de notre candidature. Ils sont nombreux, la question sera de savoir lesquels nous mettrons le plus en avant. Il est évident que la ville de Paris est un atout phénoménal. Londres est un exemple intéressant pour nous, en ayant démontré que des grandes villes historiques étaient capables d'accueillir les Jeux malgré une tendance « BRICS »…
Madame Dessus, vous avez parlé avec passion de la mobilisation nationale. Je pense qu'il y a dans ce pays une véritable appétence olympique, une vraie capacité de mobilisation, et c'est pourquoi nous espérons – enfin – décrocher la timbale. La représentation nationale et notre comité peuvent démontrer que la candidature de Paris n'est pas que la candidature d'une ville ; c'est aussi la candidature d'un pays. Pour le CIO, cela veut dire la capacité à impacter tout le pays, en assumant notre francophonie, tout en nous ouvrant aux autres – c'est la raison pour laquelle notre petit film était en anglais : n'oublions pas que 80 % des membres du CIO lisent l'anglais, non le français. L'enthousiasme derrière notre candidature est un atout fondamental. Car les Jeux olympiques, ce n'est pas que du transport, de la technique et des sous : c'est avant tout du rêve, du sourire et de l'enthousiasme.