Ma question, madame la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, concerne l’absurde procès intenté à l’écrivain italien Erri De Luca, à la suite d’une plainte déposée par la société publique Lyon-Turin Ferroviaire, qui relève de la tutelle de votre ministère, et qui défend un projet que nous sommes nombreux à combattre, considérant qu’il s’agit d’un projet inutile et imposé. Celui-ci suscite d’ailleurs, du côté italien comme du côté français, de fortes résistances.
Ce procès remet en cause la liberté d’expression. Nous sommes donc très loin du mouvement formidable que nous avons connu au lendemain des tragédies du 7 et 8 janvier et qui a vu des millions de Français battre le pavé pour défendre la liberté d’expression.
Nous sommes loin des déclarations par lesquelles M. le Président de la République, lors du Salon du livre de mars dernier, nous expliquait qu’il était venu pour défendre la liberté d’expression.
Nous sommes, les uns et les autres, sur tous les bancs de cet hémicycle, attachés à la liberté d’expression, et nous savons que les écrivains sont les porteurs de cette dernière, qu’ils la préservent. Point n’est besoin de remonter jusqu’aux Écritures pour respecter leur commandement : « Ouvre ta bouche pour le muet ».
Si, conformément aux réquisitions du procureur de la République, M. Erri De Luca est condamné à huit mois de prison, alors nombreux seront les anonymes qui seront menacés du pire.
Ma question, madame la ministre, est donc la suivante : votre gouvernement est-il prêt à demander à cette société publique, dans laquelle l’État français a beaucoup d’intérêts, de retirer sa plainte ? Je vous rappelle qu’Erri De Luca a reçu le prix Fémina étranger en 2002 et le prix européen de littérature en 2013.
On ne bâillonne pas la liberté d’expression, comme disait le général de Gaulle à propos de Sartre…