À chacun sa vérité, pour reprendre Pirandello !
Il y a pire. Nombre de vos affirmations sont fausses, et sur des questions fondamentales. Vous parlez d’une « baisse des prélèvements obligatoires ». En réalité, le taux de prélèvements obligatoires passe de 44,6 % du PIB pour cette année à 44,5 % pour 2016, soit une diminution de 0,1 % du PIB. Mais comme le PIB est supposé augmenter au cours de l’année à venir, il y aura dans les faits une augmentation en valeur absolue – c’est ce que voulait dire tout à l’heure notre ami Charles de Courson. Je rappelle qu’en 2012, le taux de prélèvements obligatoires s’établissait à 43,8 %, soit 0,7 % de moins qu’aujourd’hui. Où est la baisse ?
Vous affirmez que la dépense publique est contenue. En réalité, elle croîtra de 1 % en 2015, puis de 1,3 % en 2016. Surtout, vous continuez à creuser la dette. Il fallait tout de même oser écrire dans votre document – en page 9 – que la dette publique est stabilisée. C’est encore faux ! L’an prochain, la France empruntera exactement – le chiffre figure à la page 90 du projet de loi de finances – 187 milliards d’euros, et remboursera 127 milliards d’euros. Résultat net : 60 milliards d’euros de dettes en plus. CQFD ! À défaut de redresser la France, arrêtez donc de leurrer les Français. Assumez vos choix ! Ayez le courage de présenter objectivement la réalité, même si elle n’est pas flatteuse.
Votre projet de loi de finances n’aura, pour toutes ces raisons, aucun résultat. Et cette tendance dramatique ne date pas d’hier : la dégradation des finances publiques de la France remonte au début des années 1980.
La dette publique représentait 20 % du PIB en 1980 contre près de 100 % aujourd’hui ; la dépense publique, 41,8 % du PIB en 1970 contre environ 57 % aujourd’hui ; les prélèvements obligatoires, enfin, 34 % du PIB en 1970 contre 44,5 % aujourd’hui. On le voit, il s’agit d’une tendance de long terme, qui n’a pas été amorcée sous le gouvernement précédent, contrairement à l’idée que vous cherchez en permanence à accréditer pour masquer votre impuissance à proposer de vraies solutions. C’est cette tendance lourde qu’il faut inverser.