Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, madame la rapporteure générale, mes chers collègues, le projet de loi de finances pour 2016 est fondé sur une prévision de croissance de 1,5 %. Ah, cette fameuse croissance ! Toutes les semaines, le Président de la République, le Premier ministre et les membres du Gouvernement ne cessent de répéter, sur les télévisions et les radios, que la croissance est là, qu’elle arrive : « Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? » La réponse est non.
Cette croissance atteindra-t-elle 1,5 % l’an prochain ? Nous l’espérons, car de ce seul critère dépendra la sincérité du budget que vous nous présentez. En tout état de cause, la croissance ne viendra pas de l’économie française, elle aussi atone en dépit de quelques frémissements perceptibles ici ou là. La croissance, en réalité, vous pensez qu’elle viendra de l’extérieur, par exemple de la progression de plus de 5 % du commerce mondial, prévision au demeurant très optimiste par rapport à celle du FMI. Une fois de plus, vous attendez la croissance des autres avant de tout faire pour qu’elle devienne française et contribue, ce faisant, au redressement des comptes publics à la faveur de la consommation et des investissements sur notre sol.
Il faut bien vous répéter certaines vérités. Vous prétendez que le déficit baissera, mais c’est faux : il restera au même niveau qu’en 2015, à un milliard près, autant dire l’épaisseur du trait.
De la même façon, vous annoncez une baisse des impôts : c’est tout aussi faux ! Qui peut le croire ? Bien sûr, vous vous livrez à des manipulations entre les différentes classes de Français, les opposant les uns aux autres, mais au final, Serge Grouard l’a rappelé, le taux de prélèvements obligatoires demeurera aux alentours de 44,6 % : là encore, rien de nouveau sous le soleil.
Fidèles à la politique menée depuis le début du quinquennat, vous concentrez aussi l’impôt sur le revenu : c’est votre choix, bien que des voix, au sein même de la majorité, plaident pour un élargissement de l’assiette de cet impôt, qui rapporte quelque 60 milliards d’euros : alors que son acquittement peut être regardé comme un acte citoyen, il concerne aujourd’hui moins de la moitié des Français. Bref, il y a donc un débat chez vous à ce sujet.