Intervention de Serge Letchimy

Réunion du 29 septembre 2015 à 16h15
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy, rapporteur :

Je salue l'initiative de la délégation aux outre-mer de s'être saisie du sujet du changement climatique, ainsi que la décision de Mme la ministre d'organiser un débat sur cette question à la mi-octobre.

Comme l'a très justement dit Maina Sage, nous serons les premières victimes du changement climatique mais, plutôt que de pleurer sur notre sort, nous souhaitons être en première ligne pour trouver des solutions. Nos sociétés d'outre-mer ont fondé leur organisation sociale et économique sur la biodiversité, et les traditions et coutumes dans ce domaine sont nombreuses et puissantes. Enfin, les conséquences du changement climatique seront particulières en outre-mer.

Le passage de la tempête Erika sur la Dominique, en août 2015, a fait dire au Premier ministre Roosevelt Skerrit que l'île avait reculé de trente ans – ce qui est particulièrement frappant quand on sait que la Dominique avait déjà un retard de vingt-cinq ans en matière de développement. Le professeur Jean Jouzel, chercheur du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), estime que nous allons subir une élévation de la température moyenne située entre 1 °C et 3,5 °C, ce qui fait craindre une augmentation plus importante en outre-mer, où la situation est beaucoup plus fragile et difficile à gérer. Selon lui, la montée des eaux va se situer entre quarante centimètres et un mètre : dans cette hypothèse, des îles risquent de disparaître. D'autres phénomènes sont à craindre, tels que la salinisation et l'acidification des sols, ainsi que l'augmentation de la violence et de la fréquence des cyclones.

Face à cette perspective, la première question que je me pose est de savoir comment différencier, dans le cadre de la COP21, la stratégie soutenue au niveau national par la France de celle de ses outre-mer. Si nous sommes tous d'accord pour nous associer à une stratégie mondiale, comment pouvons-nous dégager, à côté de la stratégie nationale, des stratégies régionales dédiées aux outre-mer, et de quelle manière pouvons-nous les faire valoir dans le cadre de la COP21, sans que l'on nous oppose que nous ne sommes que des régions françaises ? Si je dois avouer que la Martinique siégera pour sa part sous le pavillon de l'Organisation des États de la Caraïbe de l'Est (OECS), cela ne m'empêche pas de soulever cette question qui intéresse d'autres outre-mer. J'insiste sur l'aspect fondamental que revêt le thème de la différenciation, et sur le fait qu'il est essentiel pour vous de remporter cette bataille, madame la ministre. Le droit à l'égalité n'est pas l'ennemi du droit à la différence et parfois même, l'expression de la différence permet d'accomplir de grands progrès.

Par ailleurs, il est essentiel que nous ne nous contentions pas de survivre à l'événement dramatique que va représenter le réchauffement climatique, mais que nous en fassions le levier d'un nouveau modèle de développement économique. Cela m'amène à ma deuxième question : comment accompagner et financer la transition énergétique ? S'il faut se contenter des mécanismes existants, notamment ceux relevant de l'aide au développement, autant ne plus y penser, tant les besoins actuels sont déjà importants. Il faut des financements spécifiques.

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