Intervention de George Pau-Langevin

Réunion du 29 septembre 2015 à 16h15
Délégation aux outre-mer

George Pau-Langevin, ministre des outre-mer :

Si elles contiennent des questions, les interventions des parlementaires que nous venons d'entendre constituent également des contributions à la réflexion qui s'est engagée sur le thème du réchauffement climatique.

Pour répondre à Maina Sage, je dirai que l'un des principaux objectifs que nous poursuivons est d'essayer de faire entendre la voix des petits États insulaires, dont font partie la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie. C'est pourquoi nous avons souhaité redonner vie au sommet France Océanie, plus ou moins abandonné après s'être réuni une première fois il y a quelques années. Il ne faut pas perdre de vue que, si la France accueille la COP21, elle n'est pas la seule à assumer son organisation, qui se fait au niveau international : les États auront pour objectif d'aboutir à une déclaration commune, mais il faut aussi s'attendre à un événement riche en initiatives émanant des États et de multiples associations. L'avantage de ce caractère foisonnant, c'est qu'il a toutes les chances de sensibiliser un grand nombre de personnes.

Les petits États réclament à juste titre d'être épaulés afin de pouvoir s'engager dans des stratégies nouvelles visant à économiser l'énergie. L'un des objectifs des débats organisés dans le cadre de la COP21 sera précisément de définir les financements de ces évolutions de stratégies. Pour fonctionner, le Fonds vert doit être alimenté conformément à ce qui avait été prévu initialement, à savoir 100 milliards de dollars par an. Or, on n'a trouvé qu'une dizaine de milliards pour le moment, et la France s'efforce de convaincre les autres pays développés de la nécessité de réunir l'intégralité du financement.

Il est prévu d'adosser l'Agence française de développement à la Caisse des dépôts, ce qui va permettre de disposer de sommes considérables pour financer les politiques dont la mise en oeuvre aura été décidée dans le cadre de la COP21. Nous sommes très attentifs à cette opération, car l'AFD intervient beaucoup pour financer les projets de coopération, mais elle intervient aussi pour les collectivités d'outre-mer : à ce titre, le ministère des outre-mer est très présent dans la gouvernance de l'Agence, et nous ne souhaitons pas perdre la main sur cet outil important. Le renforcement de l'AFD dans le Pacifique sera une excellente chose dans la mesure où il permettra de financer des projets. Cela dit, les deux collectivités françaises du Pacifique ne sont pas susceptibles d'émarger aux fonds de l'AFD de la même façon que les petits États insulaires du Pacifique. Nous avons donc à trouver une cote mal taillée, et je crois que la coopération régionale nous permettra de faire coïncider les différentes politiques menées dans le Pacifique – c'est aussi ce qui rend le sommet France-Océanie si important.

J'ai discuté avec David Sheppard, le directeur général du Programme Régional Océanien pour l'Environnement (PROE), et je crois pouvoir dire que chacun se rend bien compte de l'importance de la participation de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie à l'évolution en cours. La conférence internationale qui s'est tenue à Port Moresby il y a quelques semaines a été l'occasion de lancer l'idée d'un sommet France-Océanie, qui a immédiatement suscité un grand intérêt parmi l'ensemble des pays de la zone concernée.

Nous avons demandé à ce que l'outre-mer dispose d'un espace particulier au sein du pavillon France lors de la COP21 et espérons disposer d'un stand acceptable, mais il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas les seuls et que nous ne sommes pas les maîtres d'oeuvre de l'organisation de cet événement – de ce point de vue, Serge Letchimy a sans doute été prudent de se trouver une place au sein de l'espace Caraïbes. Comme lors de toutes les conférences internationales, l'aspect officiel de la COP21 est extrêmement formel, c'est pourquoi tous les efforts de sensibilisation que nous aurons accomplis précédemment seront d'une grande utilité.

Ibrahim Aboubacar a insisté, à juste titre, sur l'importance de la biodiversité, et évoqué le parc naturel et le centre météorologique se trouvant à la Réunion, tous deux très importants – ainsi, le centre météorologique participera à la prévention des tsunamis. Il a raison de souligner le rôle des TAAF : ces zones très peu peuplées sont extrêmement utiles pour les scientifiques car elles leur permettent d'effectuer des observations essentielles pour suivre l'évolution des climats. J'envisage de m'y rendre prochainement, ce qui nécessitera sans doute de voyager à bord d'un avion militaire, car les infrastructures de transport y sont très peu développées.

Le sujet du partage de l'information doit effectivement être porté par les élus locaux si l'on veut que les choses évoluent et que les populations se sentent impliquées. Certaines informations, certains chiffres, sont insuffisamment diffusés à l'heure actuelle, et nous devons trouver le moyen de faire en sorte que les structures nationales partagent davantage avec les élus locaux : sur ce point, il n'y a pas d'opposition de principe, il faut simplement opérer certains rapprochements. Je sais que, grâce au combat que vous avez mené en ce sens, les outre-mer seront désormais plus présents au sein de l'Agence française pour la biodiversité, ce qui est très positif pour les outre-mer, mais aussi pour la France en général.

Des actions sont déjà menées au sein des écoles pour l'éducation à l'environnement. Sans doute les ateliers éducatifs mis en oeuvre dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires permettront-ils de développer chez les enfants la connaissance du milieu dans lequel ils vivent, avec l'aide des associations de défense de la nature.

Les élus ont évidemment la possibilité de prendre des décisions importantes visant à réaliser des économies d'énergie et à préserver la planète. Ainsi, un élu pourtant plus très jeune avait fait le choix du tram-train, il y a une dizaine d'années – un choix d'avant-garde pour l'outre-mer, où c'est généralement le « tout voiture » qui domine.

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