Intervention de Laurent Collet-Billon

Réunion du 7 octobre 2015 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Laurent Collet-Billon, délégué général pour l'armement :

Les principaux industriels concernés par le programme Scorpion sont Nexter, Renault Trucks Défense et Thales. Le contrat a fait l'objet d'une négociation conjointe avec les trois entreprises. Il y a eu aussi des intervenants comme Bull, qui appartient au groupe Atos et réalise le système d'information et de combat. On a donc, au travers de ce programme, une fédération de l'industrie française et une forme de pacification des acteurs.

L'accord entre Krauss-Maffei et Nexter constitue un axe franco-allemand fort, qui, selon nos partenaires, pourrait conduire à un char franco-allemand lourd à un moment donné, encore indéterminé. Si KMW accepte un partenariat avec Nexter, c'est parce qu'ils ont trouvé en elle des composantes technologiques qui n'existent pas en Allemagne..

J'ai rencontré récemment les dirigeants de la société RTD. Je me suis assuré auprès de l'actionnaire principal, qui est Volvo, de son engagement dans l'entreprise. La société se comporte très bien à l'export – elle a d'ailleurs remporté un marché important au Canada – et elle participe à différentes compétitions, comme celle portant sur les véhicules des forces spéciales. Le paysage se clarifie progressivement en Europe et en France de ce point de vue.

S'agissant de l'AIF, nous en sommes au choix des compétiteurs. Depuis la fermeture des ateliers munitionnaires du Mans de GIAT Industries, il n'y a plus d'activité de développement et de fabrication d'armes et de munitions de petit calibre en France. Demeure une unité industrielle nationale très limitée et une douzaine de personnes chez Nexter Mechanics à Tulle. La réponse aux besoins passe donc par un achat sur étagère. Toutes les offres initiales ont été reçues en juin 2015 et les essais d'évaluation ont été engagés à Bourges. Nous verrons à la fin du premier trimestre 2016 ce qu'il en est au plan technique et nous conduirons le processus de sélection finale et d'attribution du contrat, qui sera passé en 2016.

Quant à l'association d'industriels français, elle ne fait pas partie des conditions d'appel d'offres, toutefois ce dernier laisse la possibilité à des entreprises françaises de participer à la compétition en partenariat, si nécessaire, avec des entreprises européennes.

L'Allemagne a récemment annoncé son intention de remplacer son G36. Nous sommes en mesure d'échanger avec elle sur les spécifications principales de l'AIF et, le moment venu, de lui faire part des résultats des essais techniques effectués à Bourges et de notre choix, sans compromettre la compétition. L'idéal serait que l'Allemagne, qui s'intéresse au dossier, se cale sur nos spécifications et rejoigne nos critères de choix, ce qui pourrait créer une conjonction favorable pour la communauté des armes. Je rappelle que la procédure d'acquisition applicable est européenne.

Il existe d'autres industriels, comme EURENCO, que nous nous attachons à préserver, notamment parce qu'il est le producteur exclusif de certaines charges destinées aux obus du char Leclerc. Nous avons eu des discussions serrées avec la maison mère de cette société et des plans d'investissement et de modernisation devraient permettre une fiabilisation de son activité.

S'agissant des drones Reaper, un troisième appareil a été livré au début de l'été. Nous avons émis notre demande de proposition à l'armée de l'air américaine pour un nouveau système, qui devrait faire l'objet d'un traitement ultrarapide pouvant conduire à une commande à brève échéance, sachant qu'elle exige un paiement immédiat – qui pourrait être initialement de quelques dizaines de millions d'euros.

Quant à l'autonomie de pilotage, elle viendra. Nous avons deux objectifs : l'autonomie dans la conduite de nos missions et la possibilité d'avoir une charge utile de ROEM à terme. Nous examinons comment nous pourrions faire dériver une charge utile pour nos propres drones MALE ou d'autres porteurs. Pouvoir corréler le ROEM et le renseignement image est très important.

Il y a effectivement 5 340 AIF prévus au PLF 2016. Nous utilisons des cartouches produites soit par les pays de l'OTAN, soit par d'autres. On vérifie toujours que les munitions fonctionnent correctement, notamment sur les FAMAS, même s'il y a un débat sur la nature des étuis.

Le débat sur la reconstitution d'une filière de cartouches de petit calibre en France revient régulièrement ; nos autorités politiques y ont assez clairement répondu par la négative.

Quant aux robots tueurs, nous n'en développons pas. Nous avons des activités de robot dans le domaine du déminage et en lançons en matière de lutte anti-sous-marine. Il s'agit donc d'outils de protection et le débat éthique ne nous a pas atteints sur ce point.

Sur la bande de Gaza, je préfère m'abstenir, car ce n'est pas mon domaine de compétence.

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