Intervention de Laurent Collet-Billon

Réunion du 7 octobre 2015 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Laurent Collet-Billon, délégué général pour l'armement :

Il faut en effet étendre la base de recrutement. Cela étant, le nôtre est très large. Reste qu'il faut développer notre marketing vers l'université, ce qui n'est pas propre à la DGA. Il faut revoir tout un écosystème d'éducation dans ce domaine. Aujourd'hui, nous sommes encore au prix du marché dans la fonction publique pour les jeunes sortant de l'université, en revanche nous devons maintenir un niveau de rémunération comparable au secteur privé pour fidéliser notre personnel.

S'agissant de Manoir Industries, il est clair qu'il y a un problème de réactivité globale du dispositif et que les commandes ont diminué. Le problème avait notamment été signalé à Safran, sans résultat probant. Nous ne disposons pas des outils d'intervention adaptés. Un fond spécifique pourrait ainsi investir dans les PME et les aider à franchir certaines étapes.

Monsieur Bays, je pense aussi que si nous avions livré les BPC à la Russie, le marché polonais se serait fermé.

Même si nous créions une filière munitionnaire en France, l'appel d'offres serait européen et la question de la viabilité de telles entreprises au travers des commandes nationales se poserait. Nous avons peut-être d'ailleurs été tous collectivement un peu excessifs dans la transposition de la directive européenne sur les marchés de défense – les Britanniques ont été nettement plus prudents.

S'agissant de RAPID, il fait l'objet cette année d'une enveloppe de 50 millions d'euros, en augmentation permanente. Nous sommes en train d'en faire le bilan avant d'envisager une nouvelle augmentation des crédits. Je vous invite d'ailleurs à participer au forum sur l'innovation à l'École polytechnique de novembre prochain.

Le marché des sous-marins australiens – six de classe Barracuda sans propulsion nucléaire – est un sujet essentiel, sachant que les Australiens demandent beaucoup de transferts de technologie et la capacité à faire évoluer eux-mêmes le bateau et son système de combat, donc à disposer des droits de propriété intellectuelle. Nous savons que le système de combat sera essentiellement d'origine américaine, que les Japonais refusent les transferts de technologie et que les Allemands n'ont pas de bateaux de la classe océanique de 4 500 tonnes dont les Australiens ont besoin. À nous de ne pas rater le coche, d'autant que nous avons les éléments techniques et la base industrielle pour le faire !

Monsieur Meunier, s'agissant du char franco-allemand, notre industrie à des compétences à faire valoir face à l'industrie allemande, notamment sur la tourelle. En fait, on pourrait avoir un châssis allemand avec une tourelle et un système d'armes français – qui pourraient s'accompagner de munitions de gros calibre français. De ce point de vue, le Leclerc a fait ses preuves au combat au Yémen et les Émirats arabes unis s'en servent beaucoup.

S'est aussi posée la question de l'avenir de Krauss-Maffei, qui est détenue entièrement par une famille bavaroise, laquelle souhaite légitimement avoir une société profitable. Or le fait d'avoir des partenariats avec des pays étrangers conforte cet objectif. Nous serons très attentifs à l'évolution de la société, de l'emploi en France, et au choix des dirigeants futurs. Nous préférons que la gestion du rapprochement entre Krauss-Maffei et Nexter soit bien avancée avant de passer à autre chose – sachant qu'il y aura toujours une société indépendante qui est RTD.

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