Les chiffres qui nous sont communiqués le démontrent ; le système est à bout de souffle, la tuyauterie d'une complexité et d'une opacité excessives. Les problèmes, eux, demeurent. La remise à plat qui s'impose est d'une tout autre ampleur.
Ainsi, il est tout à fait anormal de conserver un tel déficit au sein de l'ACOSS alors que la CADES a été créée pour en reprendre la gestion. On aura beau utiliser ces périodes d'attente, sortes de sas de décompression de la dette sociale, il faudra bien un jour s'attaquer au véritable problème. Le déficit de l'assurance maladie continue d'augmenter : on peut comprendre la hausse de ses dépenses, même si l'ONDAM est plutôt maîtrisé, mais l'accumulation de tels déficits n'est pas viable – sauf à réformer le fonctionnement de la branche maladie. Le temps n'est plus aux mesures comptables mais aux réformes de fond. C'est sans doute aussi le rôle de la commission des finances que de veiller à sous-tendre les chiffres par des politiques concrètes.
S'agissant des régimes de retraites, la hausse de l'âge de départ est évidemment la solution la plus efficace : chaque année de prolongation se traduit par une économie de 7 à 8 milliards d'euros. Certes, la mesure n'est pas facile à prendre, même si elle est juste. Il faut donc poursuivre cette démarche, y compris dans les régimes complémentaires qui, en la matière, prennent souvent davantage de libertés que le régime général. Enfin, on ne comprend guère comment vous pouvez boucler les 16 milliards d'économies annoncées, sachant qu'elles incluent les comptes sociaux.
En clair, le modèle ne fonctionne plus. On ne saurait continuer d'augmenter sans cesse la CSG et la CRDS, car les revenus du capital – si le mot vous gêne, préférez-lui « épargne » – ont un intérêt évident pour l'économie française. Ces hausses, qui font suite à celle des cotisations sociales, sont devenues insupportables.