Intervention de Jean-Marie Sermier

Réunion du 14 octobre 2015 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Sermier :

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », a dit le président Jacques Chirac lors du IVe Sommet de la Terre en 2002 à Johannesburg. Depuis une quinzaine d'années, les gouvernements qui se sont succédé dans les différents États du monde – notamment les États développés – s'efforcent de trouver des solutions afin de préserver notre capacité à rester sur cette planète. Aujourd'hui, plus personne ne remet en cause un changement climatique qui ne se résume pas à un simple réchauffement, mais va engendrer des modifications susceptibles de se traduire par des effets dévastateurs. De même, l'origine anthropique de ce phénomène est admise de façon unanime : c'est bien l'homme qui est à l'origine de l'évolution climatique dont nous ressentons les premiers effets et qui, dans le meilleur des cas, pourra être contrôlée à l'horizon 2100 à environ plus 2 °C. Encore faudrait-il que cet objectif soit encore à notre portée, ce qui n'est pas certain : si l'on se réfère aux tendances observées depuis trente à quarante ans, il est bien plus probable que nous nous dirigions vers un réchauffement de l'ordre de 4 °C à 5 °C.

Dans ce contexte, s'intéresser à la réussite de la COP21 est sans doute important, mais pas essentiel. L'objectif que nous devons poursuivre n'est pas de réussir la COP21 pour que la France en tire un motif de gloire, mais de faire en sorte que la prise de conscience qui a déjà eu lieu – plus largement qu'on ne le dit dans les pays en voie de développement – puisse déboucher sur des mesures extrêmement précises. Les discours tenus au niveau national, européen et mondial, ne peuvent plus être discordants, en particulier sur cette question essentielle qu'est l'émission de CO2 : un message très clair doit être envoyé sur la nécessité de favoriser les énergies rejetant le moins de gaz à effet de serre. De ce point de vue, si la France a tenu un certain nombre de ses engagements, c'est grâce à la politique de maintien, voire de maintien de l'énergie nucléaire, qu'elle a menée durant des années. On ne peut donc pas, dans un texte de loi, envisager de réduire drastiquement la part du nucléaire, et prétendre dans le même temps réduire le volume de CO2 rejeté dans l'atmosphère. De ce point de vue, nos voisins allemands ont été confrontés à de très grandes difficultés après avoir pris la décision de mettre fin au nucléaire.

Il est important de faire des progrès en termes de gouvernance. Vous avez évoqué celle mettant en oeuvre les réseaux, tandis que d'autres ont parlé des associations. Pour ma part, je m'en tiendrai aux gouvernements, car on sent bien que nous sommes très loin, à l'heure actuelle, d'une gouvernance internationale.

Enfin, il est extrêmement important que nos chercheurs, excellents dans le domaine scientifique, s'améliorent dans le domaine de la communication : ils doivent apprendre – en faisant appel à des experts, si besoin est – à trouver les mots justes, afin que notre société comprenne l'importance de ce sujet.

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