Intervention de Gilda Hobert

Réunion du 14 octobre 2015 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilda Hobert :

Par la défense et la promotion de la langue française et de notre culture, la diplomatie culturelle contribue chaque jour au rayonnement de la France dans le monde et, en cela, il est important de continuer à investir dans le soft power et de perpétuer l'interventionnisme de l'État qui dure depuis plus d'un siècle aujourd'hui.

Vous étudiez plus particulièrement, monsieur le rapporteur, la promotion et la diffusion du livre français à l'étranger. Je souhaite d'ailleurs vous remercier pour ce travail qui met en lumière les aspects les plus saillants ainsi que les enjeux de ce domaine. Vous l'avez dit, le secteur du livre est une des clés de notre rayonnement international. En effet, la France a toujours été attachée au livre en tant qu'objet culturel, mais aussi pour ce qu'il véhicule et transmet de savoir. Pilier de notre patrimoine culturel – tant d'auteurs s'y illustrent dans la littérature, la science ou l'histoire –, il est naturel qu'il fasse pleinement partie de la diplomatie culturelle française. Cela non seulement parce qu'il constitue un enjeu culturel, mais aussi de par son poids économique. Le fait qu'un quart du chiffre d'affaires de l'industrie du livre soit réalisé à l'étranger n'en est que la juste image. Ce secteur est d'ailleurs fortement soutenu par l'État français qui lui consacre près de 36 millions d'euros de dépenses annuelles.

Néanmoins, les chiffres d'affaires à l'exportation restent très inégaux selon les zones géographiques : 74 % dans les régions francophones ; le reste dans l'Union européenne, mais très peu hors de ces pays. Selon votre rapport, on enregistre même une tendance au recul ces dernières années. Les causes que vous attribuez à cette situation, parmi lesquelles la régression de l'apprentissage du français, doivent questionner nos politiques culturelles envers l'étranger. Nous devons aussi nous demander comment la langue française pourrait retrouver de son attractivité auprès d'un plus large public international, car c'est bien de cela dont nous parlons.

Dès lors nous ne pouvons que souscrire à votre constat qui montre la nécessité d'une stratégie d'ensemble pour le « penser français » à l'étranger. Sans conteste, la francophonie représente un enjeu économique majeur, ce que disent les chiffres. L'ensemble des pays francophones représente 16 % du PIB mondial et connaît un taux de croissance de 7 % ; si la concurrence globale impose d'organiser des solidarités linguistiques, les pays qui ont une langue en partage tendent à accroître leurs échanges de biens et de services dans de fortes proportions.

Monsieur le rapporteur, dans quelle mesure pensez-vous que le secteur du livre pourrait s'appuyer sur les réseaux diplomatiques français, je pense à des organismes comme Atout France, susceptibles de contribuer à notre rayonnement culturel et son impact économique ? Plusieurs pistes ont été explorées pour développer ce rayonnement culturel par le truchement du secteur du livre, particulièrement du livre numérique, quand bien même je suis près de partager les réserves émises par Isabelle Attard. Nous savons pourtant que cet outil peut représenter une formidable occasion de résoudre le problème des coûts et des modalités d'acheminement. Il constitue également une chance pour la francophonie, beaucoup de pays francophones, ou souhaitant le devenir, ne disposant pas d'un maillage de librairies ou de bibliothèques proposant des livres en français. Cependant, à ma connaissance, aucune plateforme numérique n'existe aujourd'hui pour ces pays. J'aurais donc aimé savoir dans quelle mesure la France serait capable de mettre en place une plateforme de livres numériques français destinée à l'exportation. Pensez-vous que les acteurs de l'édition soient prêts à le faire dans la lignée des sites tels Google Books ou Kindle ? Savez-vous également comment s'organisent les autres pays de l'Union européenne ? Je sais que nous attendons les résultats de la consultation organisée par le ministère que vous avez évoquée, mais j'imagine que vous avez déjà des pistes de réflexion sur le sujet.

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