Le 7 septembre dernier, à l'occasion d'une audition, la Société des gens de lettres (SGL) constatait une surproduction dans le secteur du livre. Aujourd'hui, 200 livres sont produits chaque jour, ce qui a pour corollaire une baisse du nombre de tirages et l'amplification de la vogue des best-sellers. Ce phénomène est-il encore accentué par les ventes de livres français réalisées à l'étranger qui totalisent un quart du chiffre d'affaires du livre ? Les institutions françaises fournissent-elles un effort suffisant pour insuffler davantage de diversité dans l'industrie du livre, y compris à l'étranger ?
Une grande partie du rapport est consacrée à la traduction. Récemment, un éditeur anglais a déclaré : « N'essayez pas de nous vendre des traductions, nous avons assez à faire avec nos auteurs. » Vécu comme une provocation dans le milieu de la traduction française, ce propos révèle une idée répandue à l'étranger selon laquelle l'édition française serait fermée à la traduction. Or, comme vous le montrez dans votre rapport, c'est tout le contraire qui se produit puisque la cession des droits français de traduction est en pleine croissance : en 2014 les traductions ont représenté 35 % de la fiction française. Si l'on recense les prix littéraires, l'aide à la traduction du CNL ou les subventions de l'Institut français aux traducteurs, notre système paraît très performant.
Ce qui pourrait le plus diminuer le potentiel de vente de titres serait une méconnaissance du marché du livre français dans le monde. Avec le trio de tête constitué par Hachette, Editis et Gallimard et ses centaines de maisons d'édition, il est en effet souvent difficile de l'appréhender. À la lumière de ces éléments, comment améliorer la lisibilité de l'édition française à l'étranger ? En 2011 un portail international du livre français a été mis en place par le Centre national du livre à destination des acteurs professionnels de la chaîne du livre en France et à l'étranger : est-il véritablement connu et utilisé par les éditeurs étrangers ? Alors qu'en 2017, la France sera l'invitée d'honneur de la foire du livre de Francfort, ne faudrait-il pas davantage communiquer à ce sujet ?