Intervention de général Jean-Pierre Bosser

Réunion du 13 octobre 2015 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-Pierre Bosser :

Madame la députée Dubois, je laisse au directeur du SSA le soin de répondre à votre question sur cette institution.

En revanche, le chef d'état-major étant chargé de la préparation des forces, je m'occupe en effet de la préparation psychologique de nos hommes avant le départ tout comme du traitement de la blessure pendant et souvent après l'action. Nous accordons beaucoup d'attention à ce sujet. Dans ma génération, on ne parlait jamais de syndrome post-traumatique (SPT), même si je pense avoir vu en Centrafrique, comme jeune officier, la même chose que voient les jeunes d'aujourd'hui. Désormais le SPT est reconnu et doit être traité. Quand je visite Percy, après les blessés physiques, je termine toujours par les garçons affectés de blessures invisibles, extrêmement difficiles à vivre, qui resurgissent parfois plusieurs années plus tard.

Lorsque nos garçons et nos filles rentrent d'opération, nous les plaçons dans un sas en quelque sorte de décompression, car on s'est rendu compte qu'il n'était pas souhaitable de quitter le matin un théâtre d'opérations pour se retrouver, le soir, avec son épouse et ses enfants. Les forces spéciales néerlandaises avaient d'ailleurs instauré cette pratique bien avant nous. Ce sas était déjà actif en Afghanistan ; on l'a remis en place pour les interventions africaines. Une fois que les jeunes rentrent en métropole, ils sont systématiquement vus tous les mois par un médecin qui vérifie que tout va bien et que le garçon dort bien la nuit ; le commandement de contact le voit tous les matins au rassemblement. On essaie de surveiller au mieux ces blessures, de plus en plus prégnantes au retour des interventions.

S'agissant des matériels, nous avons atteint le nombre prévu de VBCI – 630 –, ainsi que de systèmes « fantassin à équipement et liaisons intégrés » (FÉLIN). Certes, nous n'avons pas atteint la cible initiale de CAESAR et de LRU ; mais les objectifs ont été ajustés par rapport au contrat opérationnel : nos 77 CAESAR et nos 13 LRU correspondent à notre besoin actuel. 32 CAESAR « NG », blindés, sont toutefois prévus en remplacement des derniers AUF1 à l'horizon 2030. Aujourd'hui, nos équipements en artillerie sont suffisants et le problème est davantage celui d'emploi des moyens que de stock. Nos artilleurs aimeraient notamment que l'on recoure plus souvent à leurs drones, mais aussi aux LRU, dans le cadre des opérations.

S'agissant de la féminisation, son taux apparent a baissé du fait d'un changement de périmètre de la mission, qui n'englobe plus les activités de soutien où les femmes sont plus nombreuses. Depuis un an, je n'ai entendu aucune interrogation dans les unités au sujet de la féminisation, je vous l'avoue. Le sujet semble avoir trouvé sa place et son point d'équilibre. Les femmes sont plus nombreuses dans les unités de transmissions, de maintenance et de génie, où elles peuvent accomplir des parcours professionnels complets ; elles sont moins nombreuses dans les régiments de mêlée. Ce sujet ne présente plus le même caractère sensible qu'auparavant.

Il est vrai que mon prédécesseur rencontrait systématiquement le représentant ou la représentante de la mixité, lors de sa visite des unités. Je ne le fais pas, car le problème ne se pose pas ; les femmes ont trouvé leur place. Je rappellerai tout de même que les femmes constituaient non moins de 10 % de nos forces engagées au Mali, dans l'opération Serval.

Le harcèlement reste cependant un sujet de préoccupation du ministre. Je le partage et nous serons impitoyables, le cas échéant, sur le plan disciplinaire. Une mauvaise presse sur le sujet a cependant peut-être contribué à baisser l'attractivité des concours d'officier pour les candidates, comme on l'a récemment observé – ce qui va à l'encontre du but recherché.

Je ne dispose pas d'informations sur les anciens soldats ou anciens militaires qui se projettent de leur propre initiative sur des théâtres d'opération. Mais j'y suis attentif, comme à la question plus générale des relations entre les plus anciens et les plus jeunes.

Quant à une possible radicalisation qui découlerait du recrutement de 11 000 recrues, certains ont même évoqué un afflux d'apprentis djihadistes, je dirais que je n'observe rien de tel et que ce recrutement se fait dans les mêmes conditions de contrôle d'antécédents que d'habitude. Aucun incident relatif à la religion des uns ou des autres n'est à déplorer depuis un an que je commande l'armée de terre. Je ne vois pas d'état d'âme qui soit apparu, malgré la nature des théâtres où nous intervenons.

S'agissant de la sécurité de la COP21, elle ne conduira pas à un renforcement des effectifs, puisqu'elle sera assurée sur la base de l'opération Sentinelle.

Colonel Patrice Quevilly. Si le coût de l'opération Sentinelle est divisé par deux dans les documents budgétaires, cela est dû au fait que, dans l'évaluation initiale, le nombre d'hommes nécessaires était estimé à 10 000 sur l'année, alors que 7 000 seulement sont en réalité nécessaires. Cela fait donc baisser la facture. En outre, le projet est moins coûteux à mettre en oeuvre qu'il n'était d'abord prévu, ce qui fait gagner 30 millions d'euros par an. L'intendance est ainsi rationalisée.

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