Nous savons combien le temps est précieux, surtout pendant les semaines de session. Je vous suis donc particulièrement reconnaissante de votre invitation. Beaucoup a déjà été dit sur la politique des transports en Allemagne. Je vais aborder deux thèmes supplémentaires.
Premièrement, il est très important de restructurer les transports. Déjà arrivés à capacité, les réseaux de transport ne peuvent connaître une extension illimitée, car l'agriculture et la nature doivent pouvoir conserver de l'espace. En outre, les nouveaux projets d'infrastructures font l'objet de critiques de plus en plus nombreuses dans la population.
Quand nous avons posé hier la question des nuisances sonores ferroviaires dans votre pays, nous avons entendu en réponse que le problème ne s'y pose pas. Mais j'ai vu aussi des sourires apparaître sur les visages… Quel que soit le mode de transport, en Allemagne, les nouveaux projets se heurtent à des résistances au sein de la population du fait de ces nuisances. Nous nous efforçons de pallier la difficulté en associant de manière précoce la population aux décisions et en prenant des mesures supplémentaires de protection contre le bruit, mais nous ne rencontrons pas toujours le succès. Je serais heureuse d'en apprendre davantage sur la situation en France.
Deuxièmement, nous devons oeuvrer à une meilleure utilisation des infrastructures existantes, en exploitant notamment les possibilités ouvertes par le numérique. Le trafic de marchandises pourrait ainsi faire l'objet d'une automatisation partielle en matière de conduite. Je ne parle pas des projets qui attirent l'attention du grand public, mais ne peuvent connaître de réalisation concrète avant vingt ou trente ans, telles que les voitures sans conducteur, mais de projets réalisables à moyen terme pour que le transport soit plus durable et plus sûr.
S'agissant de transports moins gourmands en carbone, le caractère terminal de la consommation d'énergies fossiles nous impose de changer notre mode de pensée. Nous apportons notre soutien au gaz naturel et au GPL par des incitations fiscales qui seront prolongées au-delà de 2019 car la pénétration du marché par les véhicules qui les utilisent est plus basse qu'attendu. La directive européenne ouvre la possibilité de prendre des engagements volontaires en ce domaine. Nous veillons à tenir les nôtres. Dans les cinq prochaines années, ce sont non moins de 150 stations d'hydrogène qui seront installées sur les autoroutes grâce à des fonds publics.
L'hydrogène doit servir davantage au transport routier de marchandises, car les véhicules lourds ne pourront rouler à l'électricité, et au transport par bateau. Or l'énergie solaire et l'énergie éolienne ne peuvent être stockées mais pourraient permettre, grâce à la méthanisation, d'obtenir de l'hydrogène. Dans le cadre du tournant de la politique énergétique, des expériences pilotes sont en cours.
Dans le domaine ferroviaire, la DB veut poursuivre l'électrification de ses lignes, pour que toutes ses locomotives soient électriques, y compris celles qui sont employées pour le fret.
S'agissant de la planification en matière d'infrastructures de transport, le Bundestag établit un plan à quinze ans qui est décliné en trois plans quinquennaux sur la base desquels les financements sont arrêtés dans le cadre du vote annuel du budget. Mais la règle de l'annualité des crédits entraîne parfois une non-consommation ; nous nous efforçons de trouver le moyen que la pluriannualité des investissements soit mieux prise en compte.
Ces crédits se répartissent comme suit : 50 % vont à la route, 40 % au rail et 10 % au transport fluvial. Nous avons en outre changé notre paradigme, pour cesser de financer davantage les investissements que le maintien en bon état des infrastructures. Ce sont désormais 60 % des crédits qui vont à la rénovation des infrastructures existantes et 40 % à de nouveaux projets.
Enfin, nous espérons développer un instrument susceptible de livrer au Parlement une information au jour le jour de l'état de la consommation des crédits en matière de transports.