Intervention de Nicolas Dhuicq

Séance en hémicycle du 27 octobre 2015 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2016 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dhuicq :

La réalité, monsieur le ministre, c’est que notre armée de terre risque de souffrir au Mali du même syndrome que celui qui a touché l’armée de terre de Sa Majesté, à savoir la disparition pure et simple de ses matériels. Ainsi, nous avons appris qu’un véhicule de l’avant blindé – VAB – doit parcourir 50 000 kilomètres par an et être révisé au bout de deux ans pendant une période de dix-sept à dix-huit mois.

La réalité, monsieur le ministre, c’est que, si nous vendons des Rafale à l’Inde – ce que nous souhaitons tous pour notre armée de l’air –, nous risquons que soient remises en cause, faute de pilotes et de mécaniciens, la montée en puissance du troisième escadron des Forces aériennes stratégiques, et même les opérations tactiques de l’armée de l’air. Dans certaines opérations, en effet, vous avez envoyé des Mirage 2000 faute d’équipage pour les Rafale.

La réalité, monsieur le ministre, c’est que notre flotte risque un trou capacitaire majeur en matière de bateaux de surveillance. La coque de certains bateaux devient de plus en plus fine et ne tient que grâce à l’excellence des marins français.

La réalité, monsieur le ministre, c’est que, tant que le gouvernement de la France ne sera pas capable de changer de politique, de mettre un terme à ces emplois assistés qui mènent la jeunesse au désespoir, tant que le gouvernement de la France ne sera pas capable de comprendre qu’il est totalement inefficace, en termes macroéconomiques, de surtaxer et de pousser à l’exode ceux qui créent des richesses, tant que le gouvernement de la France ne sera pas capable de consacrer 2 % du produit intérieur brut aux dépenses militaires, nous ne pourrons pas maintenir la cohérence de notre modèle qui associe indéfectiblement dissuasion nucléaire et dissuasion conventionnelle.

Monsieur le ministre, ma question porte sur la flotte. Je redoute une perte de compétences et un trou capacitaire en matière de systèmes antiaériens à l’horizon 2020, au moment où tous les pays du monde se dotent de missiles de croisière tirés à partir des côtes. Je m’inquiète également, monsieur le ministre, de la taille des nouvelles frégates. Aujourd’hui, nul ne sait quels armements seront à bord de nos bateaux dans trente ans. S’ils font appel à des énergies électriques nécessitant un grand nombre de batteries, il sera de plus en plus difficile de moderniser ces bateaux avec des petites coques. Monsieur le ministre, que pensez-vous de cette inquiétude majeure quant à notre capacité de défendre le groupe aéronaval ou toute opération maritime contre des missiles ?

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