Il me semble que leur seule stratégie à long terme est celle de la survie des institutions. La CGT est certes un cas particulier : dès l'origine, elle a considéré que la protection sociale, y compris l'assurance chômage, devait relever de la sécurité sociale au sens général et donc du paritarisme. Aujourd'hui, néanmoins, toutes les institutions sont profondément attachées à la survie du paritarisme – par conviction ou par intérêt, qu'importe. Souvent, elles justifient la signature d'accords pourtant douloureux par la nécessité de « sauver le paritarisme ». Cet attachement est fort parmi les syndicats et dans les organisations patronales – contrairement au patronat, où certaines tendances hostiles au paritarisme y voient une source de rigidité. Il a permis de trouver de nombreux compromis depuis dix ans, y compris à la dernière minute, comme le récent accord sur les retraites complémentaires.
Cependant, la conception du paritarisme et de son rôle social varie beaucoup selon les organisations. Si l'attachement au paritarisme est un trait commun – le seul – qui suffit à cimenter le système et à permettre les compromis, les stratégies, en revanche, sont très contrastées.