Intervention de Thierry Gaiffe

Réunion du 12 décembre 2012 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Thierry Gaiffe, président de la commission défense du Comité Richelieu, président de la société Elno :

Si la situation est grave, pour les grands maîtres d'oeuvre comme pour les équipementiers, c'est parce qu'il y a moins de commandes. Cela vaut pour n'importe quelle filière industrielle, mais le domaine de la défense était jusqu'à présent à peu près protégé pour des raisons de souveraineté nationale. Parallèlement, 99,6 % des commandes sont passées auprès des grands groupes et ce sont des commandes étatiques, qui n'émanent pas, comme dans l'automobile, de clients ordinaires.

S'il y a moins d'argent public, le grand groupe va serrer ses budgets pour conserver un niveau de marge acceptable et il va donc « taper » sur ses sous-traitants. Cela arrive brutalement et j'en parle d'expérience : en dix-huit mois, mon carnet de commande est passé de 4 millions à zéro. Or lorsqu'on fait du matériel kaki, on ne peut pas le vendre à quelqu'un d'autre en le repeignant en blanc. Il reste deux solutions : la première, c'est l'export et j'en ai parlé tout à l'heure ; la deuxième, c'est la dualité. S'il n'y a plus assez d'argent pour vendre à la défense, on peut toujours se tourner vers le monde civil. Mais cela prend du temps, même si les patrons de PME ont anticipé en re-stratégeant leurs entreprises respectives. Toutes les technologies conçues pour résister aux exigences drastiques du marché militaire doivent être dédurcies, il faut souvent revoir le design des produits et réviser les prix à la baisse. Tout cela n'est pas simple, et c'est pourquoi j'affirme que la situation est grave.

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