Intervention de Alain Rousset

Réunion du 12 décembre 2012 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Rousset :

Je connais bien le Comité Richelieu et je partage son analyse sur la relation entre les grands groupes et les PME. Lorsqu'ils étaient animés par des grands groupes, les pôles de compétitivité ont été utilisés pour déstocker leurs propres projets. Je l'ai vécu dans ma région. Il a ensuite fallu imposer les PME, mais les grands groupes leur demandent souvent de jouer les lièvres technologiques pour les laisser tomber une fois le projet parvenu à maturité, au prétexte qu'elles n'ont pas les reins assez solides pour produire dans la durée.

La situation est d'autant plus compliquée pour le ministre de la défense qu'il lui faudrait engager un dialogue direct avec chacun des grands groupes. C'est un problème de culture, même si nous pouvons faire confiance au ministre, ne serait-ce que parce qu'il dispose de la DGA qui est le dernier élément de stratégie industrielle. Au passage, je suis assez d'accord avec la proposition de recréer la DRET car il faut de l'intelligence économique.

Qu'il s'agisse de l'Etat ou des collectivités, se pose ensuite le problème des appels d'offres. On a tellement tendance à appliquer le moins-disant que l'on perd de vue les intérêts nationaux. J'ai eu l'occasion de le vérifier pour la fabrication de chaussures. Fabriquées au fin fond de la Dordogne par une petite équipe de soixante personnes, elles le sont désormais par l'entreprise autrichienne Meindl – donc pas à Taïwan ! – et cela met soixante personnes au tapis. Dans beaucoup de grands groupes, les commandes remontent au siège et le réseau territorial est délaissé du fait de l'éloignement entre la direction des achats et celle de la production industrielle. On l'a vu avec Safran, où l'entreprise leader dans la fabrication des bords d'attaque des moteurs s'est vue black listée et où il a fallu que la direction casse le système.

Je m'avoue un peu sceptique face au Pacte PME. Cela me rappelle les médiateurs de la sous-traitance, du crédit… Or, lorsque vous êtes une PME, vous n'avez droit qu'à un coup à l'égard de votre banquier ou de votre donneur d'ordre.

Dernière observation à propos de laquelle je sais que le Comité Richelieu a beaucoup travaillé, on ne peut pas rester dans un peuplement industriel aussi émietté, avec des fonds propres aussi faibles. D'une certaine façon, on ne règlera le problème des PME que lorsqu'elles seront presque toutes devenues des ETI, dotées d'un bureau de R&D, d'un bureau d'export et de fonds propres suffisants. Comment parvenir, avec les grands groupes et avec les régions, à déterminer nominalement les PME qui ont vocation à devenir des ETI ? Il faut pourtant le faire et les PME doivent demander à chaque région d'établir un réseau de veille technologique et d'ingénierie, y compris sur l'armement. Ce n'est pas Paris qui peut fournir des éléments aux PME.

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