Je voudrais saluer la qualité du travail des rapporteurs, même s'il me reste à convaincre M. Huet de la qualité de cet excellent budget que nous vous proposons. Chaque loi de finances impose des choix ; cette année, ils sont clairs, le budget de mon ministère augmentant de 17 %, et la mission qui nous concerne aujourd'hui de 37 %. Loin d'être des faux-semblants, monsieur Huet, ces chiffres sont gravés dans le marbre. Étant donné le contexte dans lequel nous évoluons, cette augmentation des crédits est significative. L'impératif de cohésion nationale, que j'avais déjà évoqué l'an dernier, n'est que plus fort aujourd'hui, après les tragiques événements que nous avons connus au début de l'année 2015. Le budget de mon ministère me donne les moyens d'agir : pour les jeunes, qui restent la priorité du quinquennat ; pour les associations, qui, dans tous les domaines, permettent que l'édifice tienne malgré les chocs ; enfin pour le sport, puissant outil au service de la cohésion nationale.
S'agissant de la jeunesse, je me félicite que nous accordions 151 millions d'euros supplémentaires au service civique. L'intérêt de cette politique est unanimement reconnu. Mon objectif, d'ici à 2017, est de permettre à tous les jeunes qui le désirent, notamment les plus défavorisés, de trouver une mission dans ce cadre ; sans lui conférer de caractère obligatoire, nous souhaitons assurer l'universalisation du service civique. Avec ce doublement des crédits alloués, qui porte le total à plus de 300 millions, 110 000 jeunes pourront y accéder dès l'année prochaine et 150 000 en 2017, grâce à la mobilisation de l'ensemble des acteurs publics, des ministères et de leurs établissements, des collectivités qui étaient encore trop faiblement engagées et, bien sûr, du secteur associatif, notre partenaire historique qui porte près de 86 % de l'offre du service civique. Monsieur Huet, en cette fin du mois d'octobre, nous sommes à quelque 51 000 missions de service civique, et nous comptons bien arriver à 70 000 missions prévues jusqu'à la fin de l'année, comme le budget nous y autorise.
Mais nous n'oublions pas que la première demande de la jeunesse, c'est l'emploi. Ainsi, nous soutenons le recours aux emplois aidés qui permettent à nos jeunes de mettre le pied à l'étrier. Il ne s'agit pas d'emplois de seconde zone, mais de postes qui assurent une redistribution de la richesse nationale en direction de ceux qui en ont le plus besoin. Tous les ans, 800 000 jeunes arrivent sur le marché du travail alors qu'il n'y a que 600 000 départs en retraite. Tant qu'il n'y aura pas de créations importantes d'emplois – qui commencent aujourd'hui –, il faudra préserver les jeunes du chômage grâce à ces emplois hautement utiles pour la collectivité. Je pense en particulier à l'objectif de 100 000 « garanties jeunes » en 2017, qui concerneront les jeunes les plus éloignés de l'emploi et de la formation ; aux contrats « starter » destinés aux jeunes des quartiers difficiles, en secteur économique ordinaire, que l'État prend en charge de manière significative – 13 000 en 2015. Dans quelques jours, nous signerons avec Myriam El Khomri le dix-millième contrat de ce type, atteignant notre objectif pour fin 2015. Je pense enfin au plan SESAME d'accompagnement vers les emplois du sport et à toutes les mesures d'animation qui permettent aux jeunes de retrouver le chemin de l'emploi. Les chiffres du chômage, tombés ce soir, montrent que notre pays compte 23 800 chômeurs de catégorie A en moins ; surtout, rien qu'au mois de septembre, 14 000 jeunes ont disparu des statistiques du chômage. Nous en sommes donc au quatrième mois consécutif de baisse du chômage des jeunes dans notre pays. Quelles que soient nos sensibilités politiques, nous ne pouvons que saluer cette évolution qui permet à la jeunesse de notre pays de retrouver l'espoir.
Mon ministère est aussi celui de la vie associative. Les associations sont en première ligne face aux publics en difficulté ; c'est pourquoi, malgré le contexte de rationalisation de la dépense publique, j'ai obtenu des moyens supplémentaires pour les aider à remplir leur mission. Aux termes de la décision du comité interministériel à l'égalité et à la citoyenneté du 6 mars 2015, confirmée par le comité de ce matin, nous disposerons de 50 millions d'euros supplémentaires dès 2015 et de 77 millions en 2016 pour conforter l'action des associations de proximité qui oeuvrent en matière d'éducation populaire, de sport et de politique de la ville. Nous aurons donc plus que compensé en deux ans les 100 millions d'euros de crédits qui avaient été perdus entre 2008 et 2012. Plus précisément, et pour répondre à certaines interrogations dont j'ai eu vent, pour les associations de jeunesse et d'éducation populaire, nous bénéficierons de 10 millions d'euros en gestion sur l'exercice 2015 et d'un peu plus de 11 millions en 2016, car nous avons fait le choix de mettre l'accent sur l'emploi associatif du FONJEP avec 387 postes préservés ou créés en deux ans et des associations de proximité qui irriguent le territoire.
Notre objectif de renforcement de la cohésion et de la mixité sociale se retrouve aussi en filigrane dans le budget consacré au sport, en augmentation de 4 %. Il s'agit du plan « Citoyens du sport » – une véritable réussite – dont l'enveloppe de 12,1 millions d'euros permettra de créer 400 emplois supplémentaires d'éducateurs sportifs en 2015 et 2016. Le secrétaire d'État fait un tour de France pour valoriser ce dispositif innovant.
L'État abondera exceptionnellement le budget de la candidature olympique de 10 millions d'euros, car il s'agit d'un vecteur important de cohésion nationale et de développement économique, qui correspond à notre ambition d'accompagner le monde sportif et ses athlètes, avec la ville de Paris et le conseil régional d'Île-de-France, tout au long de l'année 2016.
Avec un objectif unique, celui de la cohésion, je veux tenir les deux bouts de la politique sportive : le sport pour tous dans la pratique et le sport pour tous dans le spectacle autour des grands événements sportifs. Je partage les conclusions de votre rapporteur spécial, Régis Juanico, sur les grands événements sportifs internationaux, vitrine de notre savoir-faire, de notre capacité d'innovation, de notre patrimoine culturel et sportif. Je serai attentif à son amendement qui vise à proroger le prélèvement de 0,3 % sur les mises de la Française des jeux pour accompagner ces événements.
Je suis sûr, mesdames et messieurs les députés, que vous partagez aussi cet objectif de cohésion, au moment où les Français doutent de ce qui nous rassemble. J'espère donc que vous approuverez les orientations de ce budget.