Intervention de Patrick Kanner

Réunion du 27 octobre 2015 à 21h00
Commission élargie : finances - affaires culturelles

Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports :

Pour répondre, ce que j'avais omis de faire, à M. Allossery, je dirai en conclusion que les rencontres territoriales de la jeunesse ont constitué une grande première. Au cours de cinq rencontres, dont une en outre-mer, nous nous sommes entretenus avec 1 000 jeunes et avons recueilli des propositions extrêmement intéressantes, partiellement reprises par le comité interministériel de la jeunesse qui s'est réuni au mois de juin à Besançon.

Aujourd'hui, il n'y a pas une jeunesse, mais des jeunesses, ayant toutes des problématiques spécifiques. Si nous avons la chance de bénéficier d'une démographie très dynamique, qui nous permet de voir la vie de façon très positive, la jeunesse réclame de longue date plusieurs formes de reconnaissance.

Les dispositifs qui ont été évoqués – la garantie jeunes, le service civique, le contrat starter – répondent en partie à la préoccupation de notre jeunesse, qui s'interroge essentiellement sur les perspectives d'emploi, même si les questions relatives à la place des jeunes dans la société ne sont pas négligeables. Le rapport de France Stratégie qui m'a été remis en juin dernier par Jean Pisani-Ferry fait apparaître des demandes de la jeunesse peu coûteuses sur le plan budgétaire et qui mériteront d'être prises en compte, demain, par les pouvoirs publics, en particulier par le gouvernement actuel. Je pense, par exemple, à la capacité qui pourrait être donnée aux jeunes de créer une association dès l'âge de seize ans sans autorisation parentale : cela ne coûte rien à la société, tout en constituant une marque de reconnaissance à l'égard de la jeunesse. De même, il pourrait être fait une place aux jeunes au sein de certains organismes de consultation officiels, notamment les conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux (CESER).

La reconnaissance des jeunes constitue un chantier important, qui ne sera pas traité au moyen de dispositifs spécifiques, mais en adoptant une approche sociétale où les jeunes Français tiendront une plus grande place, a fortiori dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Demain, le 27 octobre 2015, nous devrons nous souvenir que, dix ans plus tôt, deux jeunes sont morts à Clichy-sous-Bois : Bouna Traoré et Zyed Benna – je ne vois pas de raison de les priver de leurs noms de famille, comme le fait souvent la presse quand elle parle d'eux. Leur fin tragique a eu pour conséquence trois semaines de révolte d'une jeunesse qui manquait de reconnaissance – étant précisé que je n'excuse aucune violence –, ce qui a conduit le Premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin, à décréter l'état d'urgence au bout de quelques jours. N'oublions jamais ces jeunes, ni le fait que la jeunesse est une chance, et non une charge, pour notre pays, et qu'il convient de lui donner toute la place qui lui revient.

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