Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 18 décembre 2012 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

La réussite éducative pour toutes et tous est un enjeu sur lequel nous sommes tous d'accord. La lutte contre l'absentéisme est une facette de la lutte contre l'échec scolaire. Il s'agit là d'une véritable préoccupation dont nous discuterons plus précisément demain, lorsque nous examinerons le rapport de Mme Sandrine Doucet.

Même si l'absentéisme tend à s'amplifier à mesure que les enfants avancent en âge, il concerne aussi les plus petits. Dès l'école primaire, c'est un sujet de préoccupation. Le phénomène est grave car il ouvre la voie au décrochage scolaire et le nourrit. Une fois entré dans ce cercle vicieux, il est difficile d'en sortir ! Les conséquences en sont, bien souvent, de grandes difficultés d'insertion dans le monde du travail et plus généralement dans la société.

La majorité ayant fait une priorité de la lutte contre l'échec scolaire, il était logique qu'elle s'attaque à cette question et qu'elle commence par abroger la « loi Ciotti ». Loin de combattre le phénomène, ce texte l'aggrave en stigmatisant celles et ceux qui auraient au contraire besoin d'un accompagnement.

L'absentéisme, vous l'avez rappelé, a pour causes principales les difficultés d'apprentissage de certains enfants, le redoublement, une orientation imposée, le système de notation et de compétition qui stigmatise et décourage l'élève en difficulté, mais aussi des problèmes sociaux et familiaux : la précarité et le chômage qui touchent les parents, des conflits ou des ruptures au sein des familles.

Les politiques éducatives et sociales destinées à lutter contre l'absentéisme et, de façon plus générale, contre l'échec scolaire constituent donc de véritables enjeux.

Nous partageons bien sûr le changement d'approche opéré par le nouveau gouvernement dans la mesure où il vise à favoriser l'accompagnement des familles et non à mener une politique répressive.

La réduction de l'absentéisme est étroitement liée à l'amélioration de la réussite des élèves. Je souhaiterais à cet égard en savoir un peu plus sur les actions d'accompagnement éducatif que vous prévoyez de mettre en oeuvre et sur les mesures permettant une prise en charge personnalisée des élèves en difficulté.

De même, pourriez-vous préciser vos intentions s'agissant de la santé à l'école ? La question est de votre compétence et elle n'est pas sans conséquences en matière d'absentéisme.

Quelles améliorations apporter à l'orientation des élèves ? Notre commission a débattu la semaine dernière des enjeux de l'orientation en fin de collège à l'occasion de la présentation du rapport que la Cour des comptes a consacré à ce sujet. Il a été souligné combien le redoublement et l'orientation imposée sont vécus comme des sanctions conduisant souvent à une perte de confiance en soi et à un rejet. De grand progrès restent à faire. Pour que l'élève puisse choisir de façon éclairée sa propre orientation, il faut améliorer l'information, changer le regard porté sur les voies professionnalisantes, renforcer le lien avec les milieux professionnels et multiplier les passerelles. Le choix d'une voie ne doit pas être bloquant : le jeune a le droit de changer d'avis et de revenir dans telle ou telle branche du système éducatif.

Je le répète, le système français s'enferme dans un cloisonnement qui n'a plus lieu d'être.

Le groupe écologiste plaide pour une plus grande implication des parents d'élèves dans la vie de l'école, qui permettrait aussi de progresser en matière de lutte contre d'absentéisme. Quelle est votre position quant à notre demande de création d'un statut de parent délégué ? Au-delà, comment envisagez-vous l'accompagnement des parents qui rencontrent de réelles difficultés avec leurs enfants ? Des mesures en ce sens constitueraient un premier pas vers le décloisonnement de l'école. Les établissements d'enseignement primaire et secondaire doivent cesser d'être des lieux fermés. Plus ils tisseront de liens avec l'extérieur, plus la lutte contre l'échec scolaire sera efficace.

Par ailleurs, les effets positifs en termes de réussite scolaire et d'insertion de la préscolarisation des enfants de moins de trois ans ne sont plus à démontrer, notamment dans les milieux défavorisés. Vous pouvez compter sur mon entier soutien à cet égard. Pourriez-vous préciser l'état d'avancement de ce dossier, y compris sous l'angle des moyens alloués, dans le cadre de la préparation de la nouvelle loi ?

La réussite éducative de tous passe aussi par l'accueil des élèves en situation de handicap. Il existe un absentéisme lié à ces questions. Que comptez-vous faire à ce sujet ?

Pour conclure, je souhaite vous féliciter pour votre volonté de favoriser la scolarisation des enfants roms et itinérants. Aucun enfant ne doit être exclu !

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