Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 29 octobre 2015 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2016 — Immigration asile et intégration

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur :

Monsieur le député, la conviction qui est la mienne est que la résolution de la situation à Calais, dans un contexte extraordinairement difficile, implique de la persévérance, de l’opiniâtreté, de la constance et de la maîtrise. C’est ce que nous essayons de faire à travers une politique qui, depuis des mois, dans un contexte migratoire extraordinairement difficile, comme en témoigne la situation dans un certain nombre de pays comme l’Autriche ou l’Allemagne, nous conduit à agir.

Quelle est cette politique ? Tout d’abord, sur un plan humanitaire, deux stratégies sont possibles. La première stratégie consiste à considérer que Calais est l’objectif et qu’il faut laisser tous les migrants dans l’impasse que constitue Calais – dès lors qu’ils ne peuvent pas passer en Grande-Bretagne –, dans une situation de précarité extrême : ce n’est pas la politique du Gouvernement.

La politique du Gouvernement consiste, et c’est la deuxième stratégie, à offrir l’asile à Calais à ceux qui relèvent de l’asile en créant des places en CADA supplémentaires ; à la fin du quinquennat, nous aurons créé 27 000 places en CADA.

Le nombre de demandeurs d’asile et d’octrois du statut de réfugié à Calais n’a cessé d’augmenter. Nous souhaitons, dans l’attente du transfert en CADA de ces demandeurs d’asile, les mettre à l’abri en dehors de Calais, dans des conditions humanitaires qui n’ont rien à voir avec celles qui prévalent à Calais, de manière à pouvoir procéder à leur protection.

C’est ce que nous avons fait lundi, en offrant 300 places à l’extérieur de Calais à ceux qui relèvent de l’asile en France, qui sont donc des personnes persécutées dans leur pays et qui ont vocation à rester en France. C’est ce que nous ferons de nouveau demain en offrant plusieurs centaines de places à l’extérieur de Calais à ceux qui relèvent de l’asile à Calais. C’est ainsi que nous parviendrons à apporter la meilleure solution humanitaire.

Nous sommes en train également, en liaison avec des acteurs associatifs, que nous financerons, de mettre en place des dispositifs d’installation de latrines et de nettoyage au camp de la lande. Nous avons mis 13 millions d’euros sur l’accueil de jour avec la possibilité d’accéder à un repas. Nous avons protégé 400 femmes et enfants ; les tentes de la sécurité civile ont été installées ce week-end. Je continuerai cette action humanitaire de façon méthodique et résolue.

Sur le plan de la sécurisation de la frontière, nous avons déployé près de 1 100 personnes dans les unités de forces mobiles. Cela a divisé par trois le nombre d’intrusions et plus un seul migrant n’est passé en Angleterre depuis que nous avons mis en place ce dispositif. Nous intensifions la lutte contre les filières de l’immigration irrégulière, à Dunkerque comme à Calais. Voilà l’action que nous conduisons, dans un contexte extraordinairement difficile. Selon moi, il faut de la fermeté et de l’humanité.

Je voudrais conclure sur l’affaire des éloignements parce que j’entends sur cette affaire des choses totalement incongrues. Je veux, devant la représentation nationale, dire les instructions que j’ai données à la police de l’air et des frontières.

Certains migrants procèdent à des intrusions – il y en a moins, mais il y en a toujours. Ils sont en situation irrégulière : lorsqu’on peut les mettre en centres de rétention administrative à Coquelles, nous le faisons. Lorsque nous ne le faisons pas et que leur identité et leur nationalité ne peuvent pas être établies, puisque tout le monde se déclare Syrien désormais, il est procédé à leur éloignement dans un autre centre de rétention administrative.

Cela vaut non pas pour ceux dont la nationalité irakienne ou syrienne est établie, mais pour ceux pour lesquels existe un doute : lorsqu’ils peuvent être éloignés, ils le sont, et lorsqu’ils ne peuvent pas être éloignés,…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion