Intervention de Gilda Hobert

Réunion du 27 octobre 2015 à 17h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilda Hobert :

Comme mes collègues, je tiens tout d'abord à vous remercier pour ces rapports excellents, intéressants et fournis, qui corrèlent véritablement nos politiques à destination de la culture et des médias avec les nouvelles pratiques liées au numérique.

La culture ne peut être figée. Mouvante, elle accompagne ou amorce des changements de société. Ceux que nous vivons sont justement liés au numérique qui bouleverse notre manière d'appréhender la lecture, la musique ou tout autre contenu multimédia. Ils sont également d'une étonnante rapidité : le streaming musical, par exemple, a engendré 73 millions de chiffre d'affaires en 2014, contre 54 millions en 2013, ce qui représente une augmentation de 34 % en un an.

Je tiens à saluer les mesures contenues dans ce PLF. À budget équilibré – les autorisations d'engagement des crédits en faveur du livre et des industries culturelles n'ont diminué que de 2,2 % –, l'aide à l'innovation prend une place de plus en plus importante. C'est ainsi que le fonds de soutien à l'innovation et à la transition numérique est chargé de suivre, voire d'accélérer la mutation numérique des entreprises de production phonographique. S'il n'est pas le plus important, ce fonds concerne les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME) qui représentent pour notre pays une richesse que l'on doit soutenir et encourager. Ces entreprises permettent le maillage efficient et la diversité culturelle dont nous avons besoin.

Cette richesse, nous devons la protéger. Prenons l'exemple de l'industrie du cinéma. Le nombre d'écrans a augmenté de 7,2 % de 2005 à 2014 tandis que le nombre d'établissements cinématographiques diminuait de 2,6 % dans le même temps. Nous devons combattre cette uniformisation progressive, et défendre le développement du maillage territorial. Réjouissons-nous du fait que 14,6 millions d'euros vont être répartis entre les 1 148 établissements ayant le label « art et essai », qui participent activement au développement de l'exception culturelle française. C'est le cas à Lyon, où les deux salles du Cinéma national populaire (CNP) ouvrent à nouveau leurs portes après quelques mois de travaux, en gardant une programmation ambitieuse et iconoclaste, mais en y intégrant de nouveaux dispositifs numériques.

L'exception culturelle française est aussi liée à des pratiques qui sont bouleversées par le numérique. Entre 2007 et 2014, le nombre d'écrans par foyer est passé de 5,3 à 6,4, ce qui a considérablement augmenté le temps passé sur internet. Le phénomène pourrait avoir des effets négatifs – et l'on peut comprendre les réticences qu'il suscite – mais il peut être une force si nous l'accompagnons.

Il est impératif d'accompagner les cinémas d'art et d'essai, le streaming musical ou l'audiovisuel français vers le numérique. Arte a fait ce choix qui se révèle payant : il permet à la chaîne de se développer et d'attirer de nouveaux publics. Le groupe France Télévisions fait ce choix en ce moment et je ne doute pas de son succès.

Vos trois rapports témoignent, chacun à sa manière et dans son domaine, de la poursuite de la tradition progressiste de la France en faveur de l'indépendance, de la création et, à présent, du numérique. Pensez-vous que l'on puisse, en continuant de lier transition numérique et exception culturelle française, promouvoir et élargir l'audience des arts du spectacle ?

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