Nous recevons M. Jean-Christophe Belliard, directeur d'Afrique et de l'Océan Indien au ministère des Affaires étrangères et du Développement international, que la Commission souhaite entendre dans un premier temps sur la situation préoccupante du Burkina Faso. La transition fragile enclenchée en octobre 2014 s'est interrompue lors du coup d'État du 17 au 22 septembre derniers. La France a d'emblée apporté son soutien au président Kafando en exigeant non seulement son rétablissement et en l'hébergeant dans la résidence de l'Ambassadeur lorsqu'il nous a semblé que sa sécurité était compromise. Ce soutien sans faille à la poursuite du processus de transition s'est avéré payant, et notre Commission s'en félicite. Plusieurs questions restent néanmoins en suspens : la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest, la CEDEAO, a-t-elle joué le rôle que l'on peut attendre d'elle ? Quelles seront les suites judiciaires données à cette tentative de coup d'État ? La transition vous paraît-elle remise en cause et le calendrier électoral sera-t-il respecté ? Qu'en est-il de la candidature aux élections législatives et présidentielle de membres de l'ancienne majorité ?
La Commission souhaite également entendre M. Belliard sur la question des migrations, qui proviennent notamment de trois pays africains : l'Érythrée et la Somalie – il s'agit surtout de demandes d'asile – et le Nigéria. Le cas érythréen intéresse particulièrement notre Commission : ce pays de plus de six millions d'habitants est à l'origine de l'un des plus importants flux de migrants vers l'Europe, poussés au départ par le comportement de leur État. Le service militaire s'y apparente à un système universel de travail forcé, et le soutien de l'Érythrée à certains groupes armés présents en Somalie est préoccupant.
En Somalie, la mission des Nations Unies, l'AMISOM, a lancé une offensive contre les chabab en juillet et semble avoir remporté quelques succès. Toutefois, les progrès sont lents – c'est peu de le dire – et la situation de ce pays demeure chaotique. Depuis le pic qu'elles ont connu en 2011, les activités de piraterie ont diminué mais n'ont pas cessé et semblent même s'être diversifiées. Le trafic d'armes et d'être humains perdure, et les sociétés privées de sécurité poursuivent leurs activités illicites. Quels progrès peut-on espérer dans ce pays ?
Au Nigéria, enfin, le président Buhari, dont l'élection a suscité un certain espoir, a cherché dans le discours qu'il a prononcé devant l'Assemblée générale des Nations Unies à mobiliser davantage la communauté internationale pour l'aider à lutter contre Boko Haram, qui menace non seulement le Nigéria mais aussi ses voisins – le Cameroun, le Niger et le Tchad. Concernant les migrations économiques, M. Cazeneuve, que nous avons reçu le 30 septembre dernier, a insisté sur la nécessité de travailler avec les pays de transit, en particulier le Niger. La ville d'Agadez constitue en effet l'une des principales étapes des flux migratoires en direction de la Libye, puis de l'Europe. Des initiatives sont-elles prises sur ce sujet ? Les propositions françaises de conventions de partenariat avec la Mauritanie et le Niger qui portent sur le contrôle des frontières, la lutte contre la fraude documentaire et l'accompagnement des migrants lors de leur retour ont-elles été favorablement accueillies ?
Peut-être pourrez-vous également nous donner votre point de vue sur ce que peut apporter la prochaine conférence de Malte entre l'Union européenne et l'Union africaine, notamment sur ces questions préoccupantes de mobilité.