Intervention de Axel Poniatowski

Réunion du 14 octobre 2015 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAxel Poniatowski :

Les choses ont changé avec les accords de Taëf, qui ont conduit à une baisse d'influence des chrétiens. Auparavant, le ratio était de 6 sièges pour les chrétiens au Parlement et de 5 pour les musulmans, contre la moitié aujourd'hui, soit 64 sur 128. Surtout, le système électoral dilue l'influence des chrétiens : les circonscriptions législatives sont grandes et divisées au plan national entre sunnites et chiites, les chrétiens étant pour leur part présents partout. Ils sont donc tantôt alliés aux uns, tantôt aux autres. Leurs députés ne forment pas un bloc en soi, ce qui explique les difficultés pour trouver un Président.

Les accords de Taëf ont aussi rogné les pouvoirs du Chef de l'État. Ces accords ont conduit à la paix, mais en affaiblissant les institutions libanaises.

Quant au rôle de la France, il est important pour les chrétiens et les sunnites, mais pas pour les chiites, qui sont beaucoup plus tournés vers l'Iran. D'ailleurs, aucun de nos interlocuteurs chiites ne parlait français. Beaucoup ne parlent pas non plus anglais.

S'agissant de la perception du conflit syrien, tous nous ont dit que l'issue de ce conflit aurait un impact considérable sur l'avenir du Liban. Il n'y aura pas de solution pour ce pays tant que la crise ne sera pas réglée en Syrie. Quand on s'adresse aux sunnites, le grand méchant loup est Bachar el-Assad, dont il faudrait absolument se débarrasser, quelles qu'en soient les conséquences, tandis que pour les chiites, l'ennemi absolu est Daech, avec les autres mouvements djihadistes. Quand on parle à des chrétiens, la problématique est différente. Ils veulent d'abord se réfugier derrière l'État libanais et la constitution.

Israël viole tous les jours les frontières libanaises, tout au moins aériennes. La FINUL, forte de 15 000 hommes, n'en continue pas moins de jouer un rôle très important dans le Sud Liban. Elle est sous commandement italien, mais l'influence française est en réalité majeure. Il est important que la FINUL soit maintenue sur place. Le contraire serait une grave erreur et un facteur supplémentaire très fort de déstabilisation.

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