Merci de nous donner l'occasion de nous exprimer au nom des entreprises de l'eau, qui emploient environ 32 000 salariés sur le territoire français et réalisent 5,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
Nous avons une inquiétude et un espoir. L'inquiétude est directement liée à l'état de la commande publique en France. Celle-ci est en effet très sensible aux concours financiers dont peut bénéficier le bloc communal. Nous remarquons notamment que les subventions externes du bloc communal représentent à peu près de 15 % du montant global des investissements, ce qui est en soi une forme de variable d'ajustement. Mais nous sommes aussi très sensibles au contexte général dans lequel cette diminution s'opère.
Soyons clairs, après les réformes très profondes de l'organisation territoriale, les collectivités françaises vont tâtonner pendant un temps certain avant de trouver leurs marques dans la jungle des transferts de compétences et des dispositifs qu'elles n'ont pas encore pu intégrer. Sans oublier les modifications dans l'exercice de la commande publique : je fais ici référence à la transposition des directives européennes « concessions » et « marchés publics » qui devra intervenir au plus tard le 18 avril prochain, autrement dit demain. Je ne suis pas convaincu, en effet, que l'ensemble des collectivités territoriales aient intégré ces mouvements et ces réformes de fond.
Au final, l'effet de ciseaux de tous ces éléments rend plus compliquée encore la commande publique, qui constitue le nerf de la guerre – c'est la raison pour laquelle nous sommes là. Mais elle suppose de la confiance, de la stabilité, de la compréhension, autant d'éléments qui aujourd'hui ne sont pas acquis.
À croire les fédérations et les associations d'élus, la baisse des investissements publics se situerait dans une fourchette entre 14 et 17 %. Cela nous semble cohérent avec notre ressenti. Je précise que nous ne faisons pas de calculs avec les chiffres dont nous disposons, car ceux-ci relèvent de la confidence commerciale. Quoi qu'il en soit, nous sommes conscients des interrogations qui se posent, et de l'inquiétude qui règne, pour ne pas dire plus.
De notre côté, nous nous inquiétons d'un éventuel « effet report » sur la commande publique. Les collectivités feront-elles preuve d'attentisme, voire d'immobilisme ? Nous savons que les périodes électorales sont traditionnellement calmes. L'année 2014 a d'ailleurs été plus que calme, et même franchement atone en termes de commande publique. Tout cela a des répercussions, et sur les investissements, et sur les équipements, et donc sur la manière dont s'exécute le service de proximité – puisque votre commission s'intéresse aux deux thèmes.
Si seulement l'un des trois éléments favorables à la commande publique – confiance, stabilité, compréhension – était présent… Mais ce n'est pas le cas : le bloc communal est impacté et, par effet de dominos, les entreprises le sont aussi. Nous ne pouvons que nous interroger. Or la marche des affaires suppose prévisibilité et stabilité.
Cela dit, parce que nous sommes de dangereux optimistes, nous avons aussi des motifs d'espoir – malheureusement moins nombreux que les motifs d'inquiétude.
Nous avons la grande chance, en France, d'avoir une filière de l'eau de grande qualité, une filière d'excellence dans tous les métiers de l'eau. Nous sommes d'ailleurs parfois un peu frustrés de voir que ce qui s'exprime si bien à l'étranger se conçoit moins bien en France. Nous aimerions que l'on y apprécie davantage l'apport extraordinaire que constitue le partenariat entre le public et le privé, si particulier à notre pays et parfois si décrié. Je fais clairement référence à la grande difficulté que nous avons – pour des raisons multiples, juridiques notamment, mais psychologiques aussi – à nous engager sur le chemin d'un réel partenariat financier. À un moment où la finance publique est faible, la finance privée pourrait venir en compensation, dans des conditions qui sont légalement parfaitement déterminées, mais encore insuffisamment utilisées.
Par ailleurs, nous avons en France un échelon décisionnel de proximité vécu au quotidien par nos salariés et par les élus, ce qui permet une meilleure compréhension des services. C'est aussi une grande chance.
Enfin, nous avons des services de qualité. Les entreprises – à la demande expresse des collectivités, et c'est normal – cherchent toujours davantage de performance, davantage de qualité, davantage de transparence. Cela profite à tous, aux élus eux-mêmes, mais surtout, au final, aux usagers.
Nous sommes maintenant prêts à vous apporter des précisions, et à répondre aux questions que vous voudrez bien nous poser.