Intervention de Laurent Furst

Réunion du 14 octobre 2015 à 16h15
Commission d'enquête visant à évaluer les conséquences sur l'investissement public et les services publics de proximité de la baisse des dotations de l'État aux communes et aux epci

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Furst :

Je trouve cette réunion particulièrement intéressante. On met le doigt aujourd'hui sur ce qui sera mécaniquement dans dix, vingt ou trente ans, un problème français majeur. Quand on n'entretient pas ses réseaux d'eau et d'assainissement, quand on n'entretient pas ce que l'on ne voit pas, le système finit par exploser. Ce problème récurrent depuis trente ou quarante ans va s'amplifier parce que tous ces réseaux des années 1960-1970, mal construits, vont devoir être renouvelés.

Mais on n'y arrive pas, parce qu'en matière d'eau et d'assainissement, on a la culture du prix. Les magazines comparent le prix de l'eau d'une collectivité à une autre, mais jamais l'effort d'investissement consenti. Or il n'y a pas de miracle : une eau de qualité, un réseau de qualité, cela a un coût, que la gestion soit publique ou privée.

Un réseau d'eau et d'assainissement de qualité coûte beaucoup plus cher en milieu rural, parce qu'il y a davantage de kilomètres pour un nombre de foyers raccordés beaucoup plus faible. Il faudrait un peu de péréquation pour encourager la ruralité, car le monde urbain a un avantage compétitif tout à fait massif.

Je suis président d'une communauté de communes de 40 000 habitants qui a la compétence eau et assainissement. Aujourd'hui, ce budget est facile à gérer parce que les communes réalisent moins de travaux de voirie. Auparavant, chaque fois que les communes entretenaient la voirie, on en profitait pour faire des travaux sur les réseaux d'eau et d'assainissement. Comme elles ont moins d'argent, elles nous sollicitent moins. A contrario, le conseil général du Bas-Rhin a donné beaucoup d'argent aux collectivités, notamment rurales, et je l'en remercie. Mais dorénavant, il ne peut plus le faire, ce qui met les communes rurales et urbaines et l'agence de l'eau en difficulté, et rendra les choses plus difficiles dans les années à venir.

Il est dommage que l'on ait choisi la structure politique – l'intercommunalité – plutôt que la structure géographique – le bassin-versant. Cela risque de poser çà et là quelques problèmes.

Je suis culturellement assez hostile aux partenariats public-privé mais pas à l'exploitation publique ou privée des réseaux. Il y a de bons gestionnaires privés, surtout lorsque les contrats sont récents. Il y a aussi de bons gestionnaires publics, mais par la force de l'habitude, certains deviennent moins bons. Quand on gère l'eau et l'assainissement, il ne faut pas avoir de religion mais faire preuve de pragmatisme.

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