La compétence la plus importante, qui concerne les ordures ménagères, représente 40 % du budget. Il y a aujourd'hui une compétence touristique, qui est relativement nouvelle. L'intercommunalité a également compétence sur la voirie, mais les communes financent toutes pour partie les voiries qui les concernent plus particulièrement : c'est le cas de la voie industrielle que nous venons de réaliser afin de desservir trois sites industriels classés Seveso. Une de ces entreprises utilise du butadiène, un gaz qui explose dès qu'il est en contact avec l'air. Nous en voyons passer des camions et des trains complets. Nous n'avons heureusement jamais eu d'incident sérieux : il est arrivé une fois à un train de dérailler, mais il roulait au ralenti… Il a fallu évacuer toute la ville pour remettre le wagon sur les rails !
Le deuxième site, type AZF, utilise de l'ammoniac en grande quantité. Je vous laisse imaginer ce que peut donner un camion d'ammoniac qui se retourne en plein milieu de la ville… Le préfet nous a expliqué un jour que tout le monde serait mort dans un rayon de 500 mètres ! Or les camions traversaient le centre-ville et passaient devant l'école maternelle, l'école primaire, le collège et le lycée, avant d'arriver à l'usine. Lors de l'affaire AZF, j'avais dit au maire de l'époque, Roland Florian, député socialiste, que nous devrions réfléchir à la construction d'une voie de contournement, parce que s'il y avait un jour un incident, il y aurait des manifestations pour faire fermer l'usine. J'ai réalisé cette voie de contournement, que nous avons inaugurée cette année. À l'origine, le conseil général devait financer un tiers de l'ouvrage, l'État un tiers dans le cadre de la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR) et la communauté de communes un tiers. Pour finir, nous avons payé 80 %, l'État s'étant désengagé et n'ayant financé que 6 %, et le département 12 % Je ne pouvais pas revenir devant le conseil communautaire en demandant à réemprunter 2 millions. La ville a donc accepté de contribuer à cette hauteur, car cette route ne dessert que Thourotte, pas les autres communes. Je suis fier de ce que j'ai fait, car si un camion se retourne dans la plaine, ce sera moins grave qu'en pleine ville. Sans parler de la fiabilité des transporteurs étrangers…
L'intercommunalité en enfin compétente pour reconstruire les salles de sport et les piscines puisque ces équipements ont de fait une vocation intercommunale.
Sur le plan social, j'en viens à ce que j'ai été contraint d'arrêter depuis que les dotations ont baissé alors même que les charges supplémentaires se multipliaient. La loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (loi ALUR), par exemple, c'est pour moi un coût supplémentaire de 70 000 euros. C'est moi qui me retrouve à gérer les permis de construire. Et, sur un territoire comme celui-là, cela représente un emploi et demi, qu'il faut bien financer. Même chose avec la loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (loi MAPTAM) : 84 000 euros de charges supplémentaires pour l'intercommunalité. Et je ne vous parle pas de ce qui va se passer lorsque nous allons récupérer les syndicats d'eau et d'assainissement, en 2017 ou en 2020. Certains sont à 12 euros, d'autres à 3… Je doute que l'on puisse faire payer 5 euros de plus à ceux qui ont fait des efforts d'investissement il y a quelques années, pour alléger la charge de ceux qui paient trop cher aujourd'hui… Ce sera ingérable.
La promotion touristique devient une compétence complète de l'intercommunalité. Nous l'avions déjà pour partie puisque nous avons créé un musée de la batellerie. Nous étions le deuxième port fluvial de France, après Conflans-Sainte-Honorine. Le canal Seine-Nord traverse mon territoire, dans son nouveau tracé. C'est-à-dire qu'on va créer un nouveau canal, et il y a des endroits où il n'y a pas plus de 200 mètres entre l'actuel canal et l'Oise. Bien entendu, nous sommes favorables à la réalisation de ce canal.
Nous avons créé un musée de la batellerie parce que nous avons une très forte concentration d'anciens bateliers dans une commune voisine, Longueil-Annel qui, bien que limitrophe de ma commune, a une mentalité tout à fait différente. Thourotte, c'est Saint-Gobain, Longueil, c'est la batellerie. Mais nous travaillons ensemble : les deux maires sont communistes… Reste la difficulté financière, qui n'est pas simple à gérer. À Longueil, les bateliers retraités ne sont pas un cadeau, parce qu'ils n'ont pas de revenus. Leurs pensions de retraite ne dépassent pas 400 ou 500 euros, même si parfois, ils ont un peu de bien, grâce aux bateaux qu'ils ont pu céder quand ils ont arrêté leur activité. Si bien que la ville a un niveau d'imposition très bas : c'est la commune la plus pauvre de notre canton. En créant ce musée sur une péniche et dans une maison, nous avons essayé de dynamiser l'activité de la ville. L'Europe a participé à hauteur de 45 % pour réaliser un bateau promenade qui va servir à la fois le musée et le canal Seine-Nord dans le cadre de sa réalisation. Mais si nous avions su que les dotations allaient baisser, nous n'aurions pas lancé ce projet, car cela représente tout de même 1 million d'euros.
J'ai enfin une ZAC… Et je ne vous parle pas des gens du voyage. Nous n'avons pas d'aire d'accueil. Alors ils s'installent où ils veulent, comme ils veulent…