J'ai essayé tout à l'heure de vous expliquer les différences de mentalité entre nos communes.
Avec le maire de la commune d'à côté, Mélicocq, nous ne sommes pas du même bord, mais nous avons toujours été copains, en symbiose, et nous nous sommes souvent posé la question. Mélicocq est une petite commune rurale. Mais surtout, les gens y ont une mentalité particulière : si vous n'y vivez pas depuis trente ou quarante ans, vous n'êtes pas de Mélicocq ! Même chose à Longueil, chez les bateliers…
À Thourotte, il y a une mentalité ouvrière, très particulière. Il y avait une grosse population et, avant 1968, pas de HLM. Les gens venaient habiter « à Saint-Gobain » : ils étaient locataires, mais payaient peu de loyer et peu d'électricité. Tout était pris en charge par l'entreprise. Ils restaient là quatre ou cinq ans et mettaient de l'argent de côté. Puis ils achetaient un terrain sur une commune alentour et faisaient construire. Il y avait un turn-over permanent. Du coup, personne ne se posait la question de savoir si l'on était, ou non, de Thourotte. Tout le monde était accepté et c'est cette mentalité qui est restée. Nous n'avons pas de problème d'intégration. Historiquement, Saint-Gobain a accueilli des réfugiés espagnols, des Pieds-noirs, des gens d'origine algérienne et tunisienne. Il y a eu également une forte immigration italienne, polonaise et portugaise. L'immigration portugaise est plus récente. Moi, je suis de la première génération. Mes grands-parents sont arrivés en France en 1923. Mais la grande majorité est arrivée après 1960.